Acide gras

Un acide gras est un acide carboxylique à chaîne aliphatique. Les acides gras naturels possèdent une chaîne carbonée de 4 à 36 atomes de carbone (rarement au-delà de 28[1]) et habituellement en nombre pair, car la biosynthèse des acides gras, catalysée par l'acide gras synthase, procède en ajoutant de façon itérative des groupes de deux atomes de carbone grâce à l'acétyl-CoA[2]. Par extension, le terme est parfois utilisé pour désigner tous les acides carboxyliques à chaîne hydrocarbonée non-cyclique. On parle d'acides gras à longue chaîne pour une longueur de 14 à 24 atomes de carbone et à très longue chaîne s'il y a plus de 24 atomes de carbone. Les acides gras sont présents dans les graisses animales et les graisses végétales, les huiles végétales ou les cires, sous forme d'esters[3].

En biochimie, les acides gras sont une catégorie de lipides qui comprend notamment les acides carboxyliques aliphatiques et leurs dérivés (acides gras méthylés, hydroxylés, hydroperoxylés, etc.) et les eicosanoïdes. Ces derniers dérivent de l'acide eicosapentaénoïque (oméga-3) ou de l'acide arachidonique (oméga-6) et ont souvent un rôle d'hormones. Les acides gras jouent un rôle structurel fondamental dans toutes les formes de vies connues à travers divers types de lipides (phosphoglycérides, sphingolipides…) qui, en milieu aqueux, s'organisent en réseaux bidimensionnels structurant toutes les membranes biologiques (membrane cellulaire, plasmique, mitochondriale, du réticulum endoplasmique, des thylacoïdes, etc.).

Ils constituent également des sources importantes d'énergie métabolique : les acides gras permettent aux êtres vivants de stocker environ 37 kJ d'énergie (9 kcal) par gramme de lipides, contre environ 17 kJ pour les glucides (4 kcal). Ils sont stockés par l'organisme sous forme de triglycérides, dans lesquels trois molécules d'acides gras forment un ester avec un résidu de glycérol. Lorsqu'ils ne sont pas liés à d'autres molécules, les acides gras sont dits « libres ». Leur dégradation produit de grandes quantités d'ATP, molécule énergétique privilégiée des cellules : la β-oxydation suivie de la dégradation par le cycle de Krebs d'un acide gras saturé à n = 2p atomes de carbone libère en effet (10p – 2) ATP + (p – 1) × (FADH2 + NADH+H+), soit l'équivalent énergétique de 106 ATP pour une molécule d'acide palmitique CH3(–CH2)14–COOH, qui contient 16 atomes de carbone (n = 16, et donc p = 8).

Les acides gras peuvent être synthétisés par l'organisme à travers un ensemble de processus métaboliques appelés lipogenèse. Ils sont également apportés en grande quantité par l'alimentation. En moyenne, les besoins énergétiques quotidiens s'élèvent à 2 000 kcal pour une femme et 2 500 kcal pour un homme adulte[4], dont les matières grasses ne devraient idéalement pas représenter plus de 35 %[5], soit 65 g pour une femme et 90 g pour un homme adulte[6]. L'alimentation humaine occidentale apporte néanmoins bien davantage de matières grasses, les valeurs annuelles individuelles pour la France, toutes tranches d'âges confondues, s'élevant en moyenne à 125 g par jour et par personne[7], autrement dit 160 % de la quantité maximale recommandée pour un adulte.

  1. (en) G.P. MOSS, Glossary of class names of organic compounds and reactivity intermediates based on structure (IUPAC Recommendations 1995), (DOI 10.1351/pac199567081307, lire en ligne), p1335
  2. Une exception notable à ces assertions est l'acide heptatriacontylique, C37 qui est présent dans plusieurs plantes et animaux.
  3. (en) D'après l'IUPAC dans le Glossaire basé sur la structure des noms de classes des composés organiques et réactifs intermédiaires
  4. (en) « What should my daily intake of calories be? », National Health Service, Royaume-Uni.
  5. (en) « FSA nutrient and food based guidelines for UK institutions », Food Standards Agency, Royaume-Uni.
  6. « Matières grasses », Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec : recommandation fixant la masse quotidienne de matières grasses consommées à ne pas dépasser par individu.
  7. exactement 45,6 kg en moyenne entre 2006 et 2008 : « Évolution sur dix ans de la consommation alimentaire : moins de matières grasses animales dans nos assiettes », Ministère de l'Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, Centre d'études et de prospective, n° 12 - Mars 2010.

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