L’anglicanisme est une confession chrétienne présente au Royaume-Uni, dans les pays de culture anglophone, à la fois dans les anciennes colonies britanniques et sur les terres d'expatriation des Britanniques de par le monde. L'anglicanisme est également présent depuis plusieurs siècles dans des territoires francophones, ainsi des îles anglo-normandes (Jersey et Guernesey) qui ont bénéficié dès le XVIIe siècle d'un Livre de la Prière Commune en français, au Canada (Québec, Nouveau-Brunswick), en Haïti, au Burundi, en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Guinée. La Communion anglicane compte une communauté hispanophone en plein essor (Philippines, Amérique centrale, Etats-Unis). De petites Églises anglicanes lusophones sont également présentes au Portugal, au Brésil, en Angola et au Mozambique[1].
Le mot « anglicanisme » fut la première fois employé au XIXe siècle. En dehors de l'Angleterre, les anglicans sont parfois appelés « épiscopaliens »[2], c'est le cas notamment des Églises des États-Unis ou d’Écosse ; cela vient du fait que l’anglicanisme fonctionne selon un système épiscopal-synodal, à l'instar d'autres Églises protestantes (Églises luthériennes, certaines Églises méthodistes, Église réformée de Hongrie notamment), mais à la différence d'autres confessions protestantes plutôt presbytéro-synodales ou congrégationalistes. Le mode de gouvernement des Églises anglicanes repose sur le modèle épiscopal-synodal qui combine le ministère personnel d'unité de l'évêque avec la supervision collective des synodes diocésains et du synode national, parlement de l'Eglise qui réunit évêques et représentants élus des clercs et laïcs.
L'origine de cette confession remonte à la décision du roi d'Angleterre Henri VIII, au XVIe siècle, de rompre avec le pape pour causes surtout politiques plutôt que théologiques via l'acte de suprématie (1534).
La doctrine anglicane est énoncée dans les prières et liturgies du Livre de Prière Commune Book of Common Prayer et résumée dans les Trente-neuf articles de religion[3] (Bill of XXXIX articles) qui ont longtemps eu une valeur impérative et conservent une valeur d'autorité dans l'Eglise d'Angleterre dans le rite d'ordination des pasteurs [4]. Ces articles sont d'inspiration calviniste, mâtinée d'arminianisme (une dissidence au sein du calvinisme). L'éventail assumé entre les positions doctrinales est très large et donne lieu à de nombreuses classifications (Haute Église, Basse Église, broad church, anglo-catholicisme, anglicanisme évangélique…). A la suite du théologien élisabéthain Richard Hooker, l'Eglise d'Angleterre puis l'ensemble des Églises anglicanes/épiscopales ont établi une distinction entre les questions premières, au fondement de la foi, et les questions secondes qui ne menacent pas la communion de foi et qui peuvent bénéficier d'une appréciation différente suivant la sensibilité théologique de chacun.
Aujourd'hui, les Églises anglicanes sont très proches sur le plan théologique des Églises luthériennes avec lesquelles elles partagent le mode de gouvernement collégial épiscopal-synodal et, surtout, avec lesquelles elles entretiennent des relations bilatérales de pleine communion[5] ou d'intercommunion [6] dans de nombreux pays, notamment en Europe et en Amérique du Nord. [7] Certaines Églises anglicanes/épiscopales ont également signé des accords de pleine communion avec des Églises méthodistes et les Frères moraves [8]. Un riche dialogue se poursuit à l'échelle de la Communion anglicane avec l'Eglise catholique romaine (ARCIRC 1 et ARCIRC 2), toutefois sans avoir permis jusqu'à présent d'aboutir à la reconnaissance par Rome de la validité des ministères anglicans, en dépit de nombreux gestes réciproques d'ouverture depuis une soixantaine d'années. La Communion anglicane dialogue par ailleurs avec les Églises orthodoxes, en particulier avec le patriarcat œcuménique de Constantinople (le dialogue avec le patriarcat de Moscou est suspendu depuis 2022). Un dialogue se poursuit également avec les Églises réformées/presbytériennes, mais la pleine communion achoppe sur des questions de conception de l'Eglise et de gouvernance de celle-ci (absence de l'épiscopat historique chez les réformés/presbytériens). Il en va de même avec les baptistes et les diverses traditions congrégationalistes (quackers, pentecôtistes notamment) plus éloignées sur le plan théologique.
On appelle « Communion anglicane » un ensemble de plusieurs Églises autocéphales de théologie anglicane qui s'affirment en pleine communion (doctrinale, spirituelle, épiscopale, sacramentelle) avec l'archevêque de Cantorbéry, le primat de l'Eglise d'Angleterre. La Communion anglicane mondiale représente environ 85 millions de fidèles. Le gouvernement de ses Églises est confié à des synodes auxquels participent évêques, clercs et laïcs élus.
Parfois présentées comme une via media (voie médiane) entre le catholicisme et le protestantisme, les Églises de la Communion anglicane se considèrent en continuité avec la succession apostolique [9] et adhèrent aux principes théologiques issus de la Réforme protestante, notamment la centralité des Saintes Écritures, le double sola (sola fide, sola gratia), la centralité des deux sacrements institués par le Christ (baptême et sainte cène - plus souvent appelée sainte communion ou eucharistie dans l'anglicanisme), les célébrations liturgiques en langue vernaculaire et l'importance accordée à la participation de l'assemblée à la célébration liturgique.
L'anglicanisme dispose d'une riche tradition chorale pour asseoir sa liturgie.
Une spécificité de l'anglicanisme est d'avoir revendiqué très tôt, dès ses origines, la méthode érasmienne [10] : Bible (retour aux textes bibliques originaux), Tradition (épurée) et Raison (don de Dieu aux Hommes). Ce triptyque, conceptualisé dès la fin du XVIe siècle par le théologien Richard Hooker [11], était en avance sur son temps dans le monde de la théologie et de la philosophie. L'insistance anglicane sur la Raison a évolué ensuite pour prendre en pratique un sens plus proche de celui promu par la philosophie des Lumières. Lors d'une session de travail de réponse à l'appel des évêques lors de la dernière conférence de Lambeth (approfondissements demandés par la conférence de Lambeth 2022 sur un certain nombre de thématiques) consacrée au dialogue entre science et foi, à une question d'un participant du Guatemala qui demandait comment le fondamentalisme pouvait être combattu, l'évêque d'Oxford, le Dr Steven Croft, qui préside la commission de la Communion anglicane consacrée aux sciences, a apporté la réponse suivante : "Rappelez-vous que notre tradition anglicane repose sur l'autorité des Écritures, mais elle accorde aussi une valeur très importante à la raison et à l'utilisation de notre esprit critique et de notre intelligence."[12]
Alors qu'elle a longtemps maintenu une coexistence apaisée entre ses courants divergents, la Communion anglicane est depuis la fin du XXe siècle soumise à de fortes tensions sur certaines questions, notamment l'ordination des femmes, désormais adoptée par la plupart des Églises (y compris l'ordination de femmes évêques), et la position par rapport à l'homosexualité[13].
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