Bronzes chinois

Vase you à conserver les boissons, dit : la Tigresse. Bronze, H. 35,2 cm loin au Sud du territoire Shang[1]. Hunan, XIe siècle avant notre ère. Musée Cernuschi[N 1].

Les bronzes chinois sont universellement admirés comme des chefs-d’œuvre de l'art du bronze, tout particulièrement ceux réalisés au cours des deux premiers millénaires avant notre ère. Les bronzes des dynasties Shang et Zhou, depuis le XVIe siècle et jusqu’à 221 avant notre ère, aux formes et décors étonnants, témoignent de l’esprit créatif et de la remarquable maîtrise technique des bronziers chinois au cours de l’âge du bronze. L'art des dynasties royales de l'Antiquité (1570 - 221 avant notre ère), fondement essentiel de l'art chinois, est en majorité un art du bronze.

Bien que la valeur de ces chefs-d’œuvre ait été reconnue en Chine par les lettrés dès le XIe siècle, les sculpteurs sur pierre ou dans le bronze, n'étaient pas considérés comme « artistes » mais comme artisans dans la Chine ancienne. Il s'agit cependant d'une véritable pratique artistique, reconnue comme telle en Chine comme ailleurs aujourd’hui.

Dès l'époque Shang le bronze est associé aux rites funéraires. La somme de bronze investie dans les vases rituels y est d'ailleurs plus importante que celle des armes, et bien plus que celle employée par les paysans et artisans pour leurs outils : c’est l’indice de la grande valeur attachée, à l’époque des rois, aux pratiques rituelles et à la force protectrice attachée aux rites auxquels ces bronzes participent. Les bronzes, essentiellement des vases rituels, sont réalisés pour les célébrations où les défunts puissants, membres de l'aristocratie, sont invoqués. Leurs formes complexes soulèvent de multiples questions, en particulier le « masque » taotie. Et les fonctions de ces vases ou autres objets restent encore hypothétiques. L’étude des textes postérieurs et des inscriptions visibles sur les vases eux-mêmes, ainsi qu’une approche scientifique des ensembles funéraires sur les lieux de leur découverte permettent aujourd’hui de se faire une représentation assez précise de la raison d’être de ces bronzes et permettent de répondre à certaines questions concernant les cultures de l’âge du bronze qui en faisaient usage. Mais pour les cultures sans écritures qui ont participé à l'invention du bronze et de ses formes, loin du bassin du fleuve Jaune, comme au Gansu entre 2400 et 1900 avant notre ère, il reste encore beaucoup à découvrir. Sur un espace que l'on commence à connaitre pour ces hautes époques et où ces cultures surgissent bien souvent sur cette longue période, comme à Sanxingdui, sous la forme dominante de ces bronzes les spécialistes de toutes les disciplines confrontent leurs découvertes, les connaissances scientifiques actuelles aux anciennes données héritées de la tradition littéraire chinoise. Les historiens chinois travaillent d'abord à partir de traditions textuelles, en particulier les écrits de Sima Qian (145-86 avant notre ère), le fondateur de l’historiographie chinoise. Prenant appui sur cette tradition ils sont tentés de reconnaître la dynastie mythique des Xia dans les bronzes d'Erlitou, étudiés par la communauté scientifique internationale. Produits dans une société sans écriture du bassin du fleuve Jaune et à laquelle rien, pour l'instant, ne permet de reconnaitre la nature du pouvoir il est encore moins possible de lui donner un nom. La dynastie Xia est encore actuellement un mythe.

Certaines pratiques artistiques ne se transforment pas au moment des grands changements politiques. C'est ce qui se passe dans l'art du bronze au moment de la naissance de l'empire (vers 220 avant notre ère). Depuis longtemps le bronze n'est plus uniquement destiné aux rites, il est devenu un signe du pouvoir, un objet de luxe que les vivants utilisent et qui accompagne éventuellement le défunt dans l'au-delà. Le tombeau des riches devient peu à peu la reproduction d'une habitation occupée par des « habitants » de terre cuite ou de bois, les mingqi, et d'objets luxueux, souvent en bronze. À cette époque le bronze révèle clairement le style qui s'impose à la fin des Zhou, pendant la période des Royaumes combattants, et qui se prolonge sous les Han. Utilisé au sein de pratiques somptuaires où les cours rivalisent de luxe c'est son pouvoir d'imiter le textile et le travail du laque au pinceau qui est retenu. Le bronze est alors employé comme un support malléable, orné d'or et d'argent, de pierres semi-précieuses ou cloisonné d'émaux selon des procédés qui confinent à l'orfèvrerie. Ensuite pendant toute la durée de l'empire (221 avant notre ère - 1912 de notre ère) le bronze apparait dans des réalisations, qu'elles soient éléments de parure, miroirs ou statuettes ou sculptures monumentales comme celles déposées dans le mausolée de l'empereur Qin, où la matière d'alliage métallique conserve sa valeur symbolique. Les formes sont toujours des vecteurs de culture : innovation d'un certain naturalisme, persistances des motifs curvilignes, vivants et nerveux, survivances des vases rituels. Ces nouveaux usages du bronze sont liés à de nouvelles formes de pensée, à moins qu'elles n'aient assimilé des formes étrangères alors que la Chine est au contact de l'art des steppes, de l'art gréco-bouddhique venu d'Inde et du Gandhara au début de notre ère et, bien plus tard, au contact de l'art occidental à partir du XVIIIe siècle.

L'art des bronziers chinois s'offre à une histoire de l'art chinois avec des caractères qui lui sont spécifiques et d'autres qu'il partage avec la céramique, la sculpture, la peinture et la calligraphie chinoise et qui n'ont de sens qu'en étant compris au sein de l'histoire de la culture chinoise, mais dont les composantes multiculturelles nettement visibles à l'âge du bronze restent encore fort mal connues.

  • Les dates indiquées pour les périodes couvrant le Néolithique et l'Antiquité sont entendues comme antérieures à notre ère, sans qu'il en soit fait mention. Seules sont explicitées les dates proches de notre ère.
  • Les reproductions sont rassemblées en début d'article afin de permettre une vision d'ensemble et de percevoir aisément les variations de formes semblables au cours du temps, ainsi que les objets nouveaux.


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