Essentialisme

Aristote dans la Chronique de Nuremberg.

L'essentialisme est un mode de pensée selon lequel toute entité est caractérisée par un ensemble d'attributs essentiels nécessaires à son identité et à sa fonction[1]. Le terme apparaît pour la première fois en 1945 dans l'oeuvre du philosophe des sciences Karl Popper, qui voit l'essentialisme comme une « obsession de la définition », ou une priorité donnée dans le travail scientifique à la question « Qu’est-ce que ? »[2]. L'essentialisme suppose qu'il est possible de décrire l'essence des choses[2]. Selon Karl Popper, le travail scientifique devrait plutôt élaborer des hypothèses, et mener des expériences permettant de vérifier ou de réfuter ces hypothèses[2]. Karl Popper considère que l'essentialisme, qu'il fait remonter à Platon, a exercé sur les sciences et la philosophie une influence funeste[2].

Les acceptions du terme « essentialisme » varient selon qu'il est utilisé dans le contexte de la psychologie, de la biologie, de la sociologie, ou de la philosophie.

Historiquement, les croyances qui postulent que les identités sociales telles que l'ethnicité et la nationalité sont des caractéristiques essentielles ont souvent produit des résultats destructeurs. Certains chercheurs ont soutenu que la pensée essentialiste est au cœur de nombreuses idéologies réductrices , discriminatoires ou extrémistes[3]. L'essentialisme psychologique est également corrélé aux préjugés racistes[4],[5]. Dans les sciences médicales, l'essentialisme peut conduire à une vision réifiée des identités - par exemple en supposant que les différences d'hypertension dans les populations afro-américaines sont dues à des différences raciales plutôt qu'à des causes sociales, ce qui conduit à des conclusions erronées et à un traitement inégalitaire[6]. Les théories sociales plus anciennes étaient souvent conceptuellement essentialistes[7].

  1. Richard L. Cartwright, « Some Remarks on Essentialism », The Journal of Philosophy, vol. 65, no 20,‎ , p. 615–626 (DOI 10.2307/2024315, JSTOR 2024315)
  2. a b c et d Jean GAYON, « De Popper à la biologie de l’évolution : la question de l’essentialisme », Philonsorbonne [En ligne], 6 | 2012, mis en ligne le 04 février 2013, consulté le 07 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/philonsorbonne/401 ; DOI : https://doi.org/10.4000/philonsorbonne.401
  3. J. Kurzwelly, Fernana, H. et Ngum, M. E., « The allure of essentialism and extremist ideologies », Anthropology Southern Africa, vol. 43, no 2,‎ , p. 107–118 (DOI 10.1080/23323256.2020.1759435, S2CID 221063773)
  4. Jacqueline M. Chen et Kate A. Ratliff, « Psychological Essentialism Predicts Intergroup Bias », Social Cognition, vol. 36, no 3,‎ , p. 301–323 (DOI 10.1521/soco.2018.36.3.301, S2CID 150259817, lire en ligne)
  5. Tara M. Mandalaywala, David M. Amodio et Marjorie Rhodes, « Essentialism Promotes Racial Prejudice by Increasing Endorsement of Social Hierarchies », Social Psychological and Personality Science, vol. 19, no 4,‎ , p. 461–469 (PMID 33163145, PMCID 7643920, DOI 10.1177/1948550617707020)
  6. Troy Duster, « Race and Reification in Science », Science, vol. 307, no 5712,‎ , p. 1050–1051 (PMID 15718453, DOI 10.1126/science.1110303, S2CID 28235427)
  7. J. Kurzwelly, Rapport, N. et Spiegel, A. D., « Encountering, explaining and refuting essentialism », Anthropology Southern Africa, vol. 43, no 2,‎ , p. 65–81 (DOI 10.1080/23323256.2020.1780141, hdl 10023/24669, S2CID 221063562)

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