Fascisme

Benito Mussolini et Adolf Hitler en 1940.

Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme[1] et totalitarisme[2] au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement d'extrême droite[3] révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel, et remet en cause l'individualisme codifié par la pensée philosophique des Lumières[4],[5]. Issu de diverses composantes de la philosophie européenne du XIXe siècle[6], le fascisme a trouvé dans les circonstances économiques et historiques de l'après-Première Guerre mondiale le contexte qui lui a permis d'accéder au pouvoir, d'abord en Italie dans les années 1920 avec Mussolini, puis sous une variante accentuée, militariste, en Allemagne dans les années 1930 avec le nazisme d'Adolf Hitler.

Le terme fascisme s'applique au sens strict à la période mussolinienne de l'histoire italienne et au sens large à un système politique aux caractéristiques inspirées par l'exemple italien et allemand mais qui a pu prendre des aspects différents selon les pays. Des débats existent entre les historiens quant à la qualification de certains régimes (France de Vichy, Espagne franquiste[7]…). La différence entre fascisme et totalitarisme fait l'objet de nombreux débats[8].

Opposé à l'individualisme[note 1] et repoussant l'idéologie démocratique au nom de la masse incarnée dans un chef providentiel, le fascisme embrigade les groupes sociaux (jeunesse, milices) et justifie la violence d'État menée contre les opposants, assimilés à des ennemis intérieurs, l'unité de la nation devant dépasser et résoudre les antagonismes des classes sociales dans un parti unique. Dans le domaine économique, l'État conduit une politique dirigiste mais maintient le système économique et les activités professionnelles[9].

En même temps, le fascisme rejette la notion d'égalité au nom d'un ordre hiérarchique naturel : il définit un « homme nouveau », un idéal de pureté nationale et raciale qui nourrit en particulier l'antisémitisme, l'homophobie, l'exclusion des personnes atteintes d'un handicap et exalte les corps régénérés ainsi que les vertus de la terre, du sang et de la tradition, tout comme il affirme une hiérarchie entre les « peuples forts » et les « peuples faibles » qui doivent être soumis. De façon générale, le fascisme exalte la force et s’appuie sur les valeurs traditionnelles de la masculinité, reléguant les femmes dans un rôle maternel. Il célèbre dans cet esprit les vertus guerrières en développant une esthétique héroïque et grandiose[10].

Révélateur d'une crise de la modernité et luttant contre le sentiment de décadence de la civilisation, le fascisme s'appuie aussi sur une vision idéalisée du passé et sur l'émotion collective qu'il met en scène dans la théâtralité dynamique d'une religion civile (culte du chef, uniformes, rassemblements, propagande) et suscite ainsi une fascination idéologique et esthétique avérée[11].

Dans son acception la plus large, le terme est employé pour qualifier l'ensemble de l'extrême droite. Le fascisme est d'ailleurs encore revendiqué par certaines mouvances d'extrême droite (les néofascistes) comme le parti italien CasaPound dont les membres aiment se faire appeler « Fascistes du troisième millénaire »[12].

  1. Pierre-André Taguieff, Le nouveau national-populisme, CNRS Éditions, janvier 2012
  2. « Le phénomène totalitaire intervient dans un régime qui accorde à un parti le monopole de l'activité politique. » Raymond Aron, Démocratie et Totalitarisme, Folio Essais, Gallimard, 1965.
  3. Kévin Boucaud-Victoire, « Que veut dire “extrême droite” ? », sur marianne.net, (consulté le )
  4. « Fascisme et totalitarisme. Synthèse », sur ac-grenoble.fr (consulté le )
  5. Cf l'appréciation de Raoul Girardet, article « Fascisme », Encyclopædia Universalis (lire en ligne) : « Les doctrines fascistes se définissent par le rejet des principes du libéralisme traditionnel, par la condamnation des institutions et des usages de la démocratie parlementaire et par la remise en cause des valeurs de l'individualisme tel que l'avait codifié, autour de la notion de droits naturels, la pensée philosophique du XVIIIe siècle. »
  6. Zeev Sternhell « Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France », Éditions du Seuil, 1983
  7. Exemple : « Vichy était-il fasciste ? », par Henry Rousso, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1988 Numéro 20, en ligne.
  8. « Le fascisme fut-il un totalitarisme ? », sur blogthucydide.wordpress.com (consulté le )
  9. « La plupart des activités économiques et professionnelles sont soumises à l'État et deviennent, d'une certaine façon, partie de l'État lui-même. » Raymond Aron, Démocratie et Totalitarisme, Folio Essais, Gallimard, 1965
  10. « Son but est de modeler l'individu et les masses par une révolution anthropologique destinée à régénérer l'être humain et de créer un homme nouveau […] » Emilio Gentile, Les Religions de la politique, Paris, Le Seuil, 2005, p. 107-109
  11. « Fondé sur le régime à parti unique, ce nouvel État a pour principal objectif de réaliser la conquête de la société, c'est-à-dire la subordination, l'intégration ou l'homogénéisation des gouvernés […] sous la forme d'une religion politique » Emilio Gentile, Les Religions de la politique, Paris, Le Seuil, 2005, p. 107-109. [1]
  12. « Fascistes du troisième millénaire », sur Éditions Mimésis (consulté le )


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