Grand Bond en avant

Le Grand Bond en avant (chinois simplifié : 大跃进 ; chinois traditionnel : 大躍進 ; pinyin : Dà yuè jìn) est le nom donné à une politique économique lancée par Mao Zedong et mise en œuvre de 1958 à 1960. Constatant les difficultés à suivre le modèle soviétique, Mao entend avancer vers le socialisme en Chine en s'appuyant sur la paysannerie davantage que sur la population urbaine. Irréaliste, ce programme entraîne la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes, tandis que la Chine échappe de peu à l'effondrement complet de son économie.

Le Grand Bond en avant est lancé avec le Mouvement de la commune populaire[1]. Cette campagne, qui mobilise par la propagande et la coercition l'ensemble de la population, a pour but de stimuler en un temps record la production par la collectivisation de l'agriculture, l'élargissement des infrastructures industrielles et la réalisation de projets de travaux publics de large envergure.

La Grande famine chinoise, conséquence de cette politique, est cachée si bien que les spécialistes doutent de son existence dans un contexte de guerre froide où les rumeurs sont soupçonnées d'être suscitées par le camp adverse. Alors qu'il parait au contraire acquis que le régime socialiste dirigiste a su trouver les moyens de nourrir la vaste population chinoise et de mettre fin aux pénuries alimentaires chroniques qui avaient frappé la Chine durant toute son histoire, la politique d'ouverture de la Chine initiée en 1978 remet indirectement ce discours en cause.

Des démographes français et américains ont ainsi accès au recensement de la population de 1982[2]. Ils concluent à un « excédent de décès de 28 millions » de personnes pour la période 1958-1961, auxquels s'ajoutent 27 millions de décès pour la période 1962-1963. En plus des morts de la famine, des millions de personnes sont également mortes des coups, de la torture et des exécutions. Plus de 30 % de toutes les maisons sont détruites pendant cette campagne pour diverses raisons[3].

Le nombre de victimes du Grand Bond en avant varie entre 15 et 55 millions selon les estimations des historiens[4],[5],[6]. Le Parti communiste chinois occulte encore au XXIe siècle cette période de son histoire afin de protéger son image et celle de Mao Zedong[7] : l'accès aux archives et l'enseignement de cette période dans les universités sont interdits en Chine.

  1. (en) « The Great Leap Forward and the People's Communes—Socialist Ideals and Practice », Chinese Law & Government,‎ (DOI 10.2753/CLG0009-4609290446, lire en ligne, consulté le ).
  2. Gérard Calot, « Données nouvelles sur l'évolution démographique chinoise. I. Les recensements de 1953, 1964 et 1982 et l'évolution des taux bruts depuis 1950 », Population, vol. 39, no 4,‎ , p. 807-835 (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Frank Dikötter, Mao's Great Famine: The History of China's Most Devastating Catastrophe, 1958–62, Walker, (ISBN 978-0-8027-7768-3), p. 298-334.
  4. (en) Felix Wemheuer, « Sites of horror: Mao's great famine [with Response] », The China Journal, no 66,‎ , p. 155–164 (ISSN 1324-9347, lire en ligne).
  5. (en) Xin Meng, Nancy Qian et Pierre Yared, « The Institutional Causes of China's Great Famine, 1959–1961 », Review of Economic Studies, vol. 82, no 4,‎ , p. 1568–1611 (DOI 10.1093/restud/rdv016, lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  6. Philippe Grangereau, « La Chine creuse ses trous de mémoire », Libération, (consulté le ).
  7. « La Chine creuse ses trous de mémoire », Libération, .

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