Justice environnementale

Le concept de justice environnementale applique les théories de la justice[1] au champ de l'environnement et de l'écologie[2],[3]. Il découle de la prise en compte de l'environnement et des services écosystémiques qu'il permet comme du « bien commun. »

La justice environnementale peut aussi concerner les effets du dérèglement climatique[4] ; dans ce contexte on parle parfois d'injustice et/ou de « justice climatique »[5].

Ce concept sous-tend qu'il existe des droits sur la nature pour tous et chacun ; individus, familles, collectivités, entreprises et autres groupes humains vis-à-vis de l'environnement considéré comme bien commun, mais en échange de devoirs et d'obligations légales[6], et selon le PNUD[7] repris par Fabrice Flipo (2002), « en l’absence de tierce-parties capables d’administrer une justice : les plus forts outrepassent leurs droits et échappent à leurs devoirs, constituant peu à peu de petits potentats privés. Les règles actuelles conduisent donc sans surprise à une augmentation mondiale des inégalités ». Ce concept invite donc aussi à penser et mettre en œuvre des mesures de réduction, de réparation et de compensation quand le préjudice écologique n'a pu être évité, ce qui peut parfois nécessiter ou justifier une certaine « ingérence écologique »[8].

Ces devoirs ou obligations sont souvent regroupés dans la notion de « responsabilité sociale et environnementale », la liberté d'exploiter l'environnement s'arrêtant là où elle menace celle des autres (il y a alors obligation à ne pas surexploiter une ressource), et là où l'environnement (biodiversité, habitats naturels, diversité génétique) serait lui-même menacé par les activités humaines.

La justice environnementale s’apparente in fine à une réflexion éthique sur la responsabilité et la liberté. Le cœur de l’argumentaire consiste à exposer que la souffrance est prioritaire au bien-être et que la responsabilité prime sur la liberté[9].

La justice environnementale mérite d'être saisie via le développement socialement durable (DSD) où l’on donne une priorité aux capacités personnelles, en particulier à la capacité d’auto-contrainte de la personne sinon à sa capacité de résilience. Il en résulte une structure de capacités qui imprègne la personne, pouvant la renforcer mais aussi la fragiliser.

  1. John Rawls (1971), A theory of justice, Cambridge, Mass., Harvard University Press ; trad. fr. de Catherine Audard, Théorie de la justice, Paris, Le Seuil, 1987 ; réed., coll. Points, 1997
  2. Larrère C (2009) La justice environnementale. Multitudes, (1), 156-162 (PDF, 8 pages)
  3. Blanchon, D., Moreau, S., & Veyret, Y. (2009) Comprendre et construire la justice environnementale. In Annales de géographie (No. 1, pp. 35-60). Armand Colin, janv 2009 ([Blanchon, D., Moreau, S., & Veyret, Y. (2009, January). Comprendre et construire la justice environnementale. In Annales de géographie (No. 1, pp. 35-60). Armand Colin. (résumé)
  4. M. Munasinghe & R. Swart (Eds.) (2000) Climate Change and Its Linkages with Development, Equity, and Sustainability, published for the IPCC by LIFE, RIVM and World Bank,
  5. Pettit J. (2004), « Climate justice : a new social movements for atmospheric rights », IDS Bulletin, juillet 2004, vol. 35, n◦ 3, p. 120-106.
  6. Fabrice Flipo (2002) document L'espace écologique - Sur les relations de l'écopolitique internationale à la philosophie politique classique (hal.archives-ouvertes )
  7. PNUD, Rapport sur le développement humain, 1999.
  8. Rossi G. (2003), L'ingérence écologique, Paris, CNRS Éditions, 248 p.
  9. Damien Bazin, (2019), Justice environnementale, vers de nouvelles injustices sociales ?, Paris, Harmattan, coll. « éthique économique », 134 p. (ISBN 978-2-343-17674-1)

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