Lettre d'adieu (suicide)

Lettre d'adieu du poète allemand Heinrich von Kleist, laissée avant son suicide en 1811.

Une lettre d'adieu, ou plus généralement un message d'adieu, est un message laissé par l'auteur d'un suicide avant son passage à l'acte. Elle explique, dans certains cas, les raisons qui ont poussé l'auteur à quitter le monde des vivants. Le message d'adieu peut prendre la forme d'une note manuscrite, mais il peut également s'agir d'un enregistrement audio ou vidéo, ou d'un courriel.

Selon les études, l'estimation de la proportion des personnes laissant une lettre d'adieu avant de s'ôter la vie varie entre 25 et 30 %[1],[2]. Ce pourcentage change selon l'ethnie ou les différences culturelles pouvant atteindre 50% dans certains cas[3]. L'une des premières études systématiques consacrée aux lettres d'adieu daterait de 1856, année de parution de l'ouvrage Du suicide et de la folie-suicide: considérés dans leurs rapports avec la statistique, la médecine et la philosophie du médecin psychiatre français Alexandre Brière de Boismont[1].

La lettre d'adieu peut constituer un élément littéraire à caractère romanesque, voire un genre littéraire lorsque celle-ci est fictive. Plusieurs écrivains ont écrit des lettres d'adieu dans le cadre de leurs œuvres. Dans Lettre à mon juge de Georges Simenon paru en 1947, l'écrivain imagine la lettre d'adieu d'un médecin de famille condamné pour le meurtre de sa compagne, adressée au juge d'instruction peu avant sa mort[1]. Dans L'Antiphonaire de Hubert Aquin paru en 1969, l'auteur achève son roman par la lettre d'adieu d'Albert Franconi, médecin de Robert Bernatchez, adressée à sa femme Suzanne Bernatchez[1].

Paru en 2023, le recueil Ecrits fantômes. Lettres de suicides (1700-1948)[4], édité par Vincent Platini, présente 220 lettres de suicide non-fictives écrites sur plus de deux siècles par des personnes ordinaires. Le recueil est organisé thématiquement et fournit à chaque fois un cadre historique au texte. L'accent est mis sur les qualités littéraires des lettres qui sont considérées comme des "écrits de soi", permettant de se réinventer soi-même[5].

  1. a b c et d Lettres d'adieu, Encyclopédie sur la mort, 12 avril 2012.
  2. Incidence of note-leaving remains constant despite increasing suicide rates, Psychiatry and Clinical Neurosciences, volume 59, numéro 2, p. 226–228, avril 2005.
  3. (en) « Incidence of note‐leaving remains constant despite increasing suicide rates », sur onlinelibrary.wiley.com,
  4. Vincent Platini, Ecrits fantômes. Lettres de suicides (1700-1948), Paris, Verticales, 2023. [1]
  5. Philippe Artières, « Ultimes missives des proscrits »

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