Scepticisme (philosophie)

Pyrrhon impassible dans la tempête.

Le scepticisme (du grec σκεπτικός / skeptikós, « qui examine »), aussi appelé pyrrhonisme, est à l'origine une philosophie et une méthode grecque antique qui compare et oppose toutes choses afin d'atteindre la tranquillité (ἀταραξία / ataraxía, « ataraxie ») de l'âme (ψυχή / psukhḗ).

Le sceptique pyrrhonien dit que rien n'est vrai ni faux, ni vrai et faux à la fois, et pas même cette dernière phrase car elle s'oppose à elle-même.

« Le scepticisme est une faculté et une méthode qui sert à examiner, qui compare et oppose, de toutes les manières possibles, les choses apparentes, ou sensibles, et celles qui s'aperçoivent par l'entendement; par le moyen de laquelle faculté nous parvenons (à cause du poids égal qui se trouve dans des choses ou dans des raisons opposées) premièrement à I'épochè, c'est-à-dire à la suspension de l'assentiment, et ensuite à l'ataraxie, c'est-à-dire à l'exemption de trouble, à la tranquillité de l'âme. »

— (Esquisses pyrrhoniennes, Livre 1 [8], Sextus Empiricus)

Le scepticisme a eu une grande influence sur Michel de Montaigne qui l'avait largement adopté. Descartes quant à lui a rejeté le scepticisme comme un doute scandaleux[1]. Comme il l'explique dans le Discours de la méthode, pour lui le doute fait partie d'une méthode. D'autres philosophes modernes comme David Hume, Friedrich Nietzsche, Bertrand Russell ou Ludwig Wittgenstein ont repris et redéfini le terme en le séparant de la recherche antique de l'ataraxie.

Bertrand Russell prône un « scepticisme modéré » par opposition à celui de Pyrrhon. Il résume dans ses Essais sceptiques cette position par « Ne rien admettre sans preuve et suspendre son jugement tant que la preuve fait défaut ». Le principe d'éviter de conclure aussi longtemps qu'il le faudra se retrouve au XXIe siècle dans les méthodes bayésiennes qui conservent de front autant d'hypothèses que l'on en peut suivre, et qui sont utilisées en intelligence artificielle.

Le terme « sceptique » est un adjectif abondamment utilisé dans des sens parfois très éloignés de l'usage antique. Nous faisons ainsi preuve d'un scepticisme « sélectif » lorsque l'on doute de quelque chose en particulier.

  1. Descartes face au doute scandaleux des sceptiques, Sylvia Giocanti, Dix-septième siècle 2002/4 (n° 217), pages 663 à 673

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