Perspectivisme

Le perspectivisme désigne les doctrines philosophiques qui défendent l'idée que la réalité se compose de la somme des perspectives que nous avons sur elle. Autrement dit, ce sont les différents points de vue que nous avons sur elle qui la constituent. On trouve des développements significatifs de cette idée chez Montaigne, Leibniz, Nietzsche, Ortega y Gasset, entre autres. On en perçoit quelques traces chez Pascal également.

Cependant, sa première déclaration majeure est considérée comme le développement du concept par Friedrich Nietzsche au 19e siècle[1] ayant construit sur l'utilisation du terme par Gustav Teichmüller quelques années auparavant[2]. Pour Nietzsche, le perspectivisme prend la forme d'une antimétaphysique réaliste[3] tout en rejetant à la fois la théorie des correspondances de la vérité et l'idée que la valeur de vérité d'une croyance constitue toujours sa valeur de valeur ultime[4]. La conception perspectiviste de l'objectivité utilisée par Nietzsche voit les déficiences de chaque perspective comme remédiables par une étude asymptotique des différences entre elles. Cela contraste avec les notions platoniciennes dans lesquelles la vérité objective est considérée comme résidant dans un domaine totalement sans perspective[1],[4]. Malgré cela, le perspectivisme est souvent interprété à tort[4] comme une forme de relativisme ou comme un rejet total de l'objectivité[5]. Bien qu'il soit souvent erroné d'impliquer qu'aucune façon de voir le monde ne peut être considérée comme définitivement vraie, le perspectivisme peut plutôt être interprété comme tenant certaines interprétations (comme celle du perspectivisme lui-même) comme définitivement vraies[4].

Le perspectivisme rejette l'idée qu'un homme appréhendé comme classique ou normal puisse avoir accès à une réalité objective, indépendamment d'une situation, d'un contexte culturel ou d'une appréciation subjective. Pour autant le perspectivisme n'exclut pas la possibilité qu'il y ait un point de vue métaphysique absolu, qui serait lui même une perspective, avec une optique intrinsèque et contenant la somme de toutes les perspectives.

  1. a et b ,(en) « Friedrich Nietzsche », sur Stanford Encyclopedia of Philosophy
  2. Matthew Meyer, Reading Nietzsche through the Ancients: An Analysis of Becoming, Perspectivism, and the Principle of Non-Contradiction, Berlin, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, , 210 p. (ISBN 9781934078419)
  3. For Nietzschean perspectivism as a form of realist antimetaphysics, see especially: Daniel Conway, Nietzsche, Epistemology, and Philosophy of Science, vol. 204, Dordrecht, Springer, coll. « Boston Studies in the Philosophy of Science », , 109–122 p. (ISBN 978-90-481-5234-6, DOI 10.1007/978-94-017-2428-9_9), « Beyond Truth and Appearance: Nietzsche's Emergent Realism »
    Tsarina Doyle, « Nietzsche on the Possibility of Truth and Knowledge », Minerva, vol. 9,‎ , p. 261–286 (lire en ligne) (Also as a form of contextualism and anti-foundationalism. Note that while Nietzsche rejects traditional metaphysical realism, he is nevertheless a realist in an antimetaphysical sense.)
  4. a b c et d Alexander Nehamas, The Art of Living: Socratic Reflections from Plato to Foucault, Berkeley, University of California Press, , 143–150 p. (ISBN 9780520211735, OCLC 37132573) See especially page 148.
  5. Michael Lacewing, « Nietzsche's perspectivism » [archive du ], sur Philosophy for A Level, Routledge

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