Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni

« Am I Not a Man and a Brother? », illustration du célèbre médaillon anti-esclavagiste dessiné par William Hackwood ou Henry Webber pour le compte de Josiah Wedgwood, vers 1787[1].

L’abolition de l'esclavage est, au Royaume-Uni, un processus qui trouve son aboutissement entre 1833 et 1838. Il s'explique notamment par l'émergence dès la fin du XVIIIe siècle d'un puissant mouvement abolitionniste, notamment dans les milieux non conformistes. Ces sociétés visaient, dans un premier temps, à abolir uniquement la traite, en escomptant que son abandon entraînerait le dépérissement progressif et graduel du système esclavagiste fondé sur elle. La propagande très efficace diffusée par ces sociétés abolitionnistes rencontra un écho certain au sein de l'opinion publique britannique, écho concrétisé dans la production de pétitions spectaculaires comme les affectionnaient les milieux radicaux britanniques de cette époque. Ces pétitions étaient ensuite présentées au Parlement pour appuyer l'action de ceux de ses membres qui militaient pour l'abolition, tel William Wilberforce.

L'abandon de la traite négrière fut obtenu en 1807, celui de l'esclavage lui-même en 1833, notamment grâce à l'action de l'Anti-Slavery Society. Cependant, dans le souci de préserver l'équilibre économique des colonies antillaises britanniques, la loi opta pour une sortie graduelle de l'esclavage. Ainsi, pendant une période d'« apprentissage » de la liberté (variable selon les catégories d'individus), les esclaves devaient fournir un travail non rémunéré à leur ancien maître. L'émancipation définitive et généralisée n'intervint que le . Les esclavagistes reçurent une indemnisation représentant 40 % du budget de l’État[2].

L'abolition de l'esclavage dans ses colonies incita encore davantage l’État britannique à mener la politique de répression de la traite à l'échelle internationale qu'il avait engagée dès 1807. Le Royaume-Uni imposa ainsi petit à petit l'abandon de la traite à ses ennemis vaincus ou à ses alliés redevables, via des accords bilatéraux. Dans ce cadre, la Royal Navy (et en son sein le British African Squadron), prit largement en charge pendant plusieurs décennies la chasse aux navires négriers au large de l'Afrique, ce qui, malgré le coût de l'opération, ne fut pas sans contribuer à l'établissement et au renforcement de l'hégémonie britannique sur les mers et dans l'espace africain. Malgré des dérives, la politique britannique constante visant à étendre au monde entier l'interdiction des traites négrières qu'elle s'était elle-même imposée, tarit progressivement les flux qui en étaient issus.

  1. (en) "Am I Not a Man and a Brother?" sur le site de Africans in America
  2. « « L’effet combiné de la traite et de l’exploitation des personnes esclavagisées a contribué à l’essor industriel du Royaume-Uni » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)

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