Agapes

Les agapes sont, dans le paléochristianisme, un repas à caractère religieux, dont le but est d'entretenir l'« amour » (ἀγάπη) dans la communauté chrétienne locale.

Dans la tradition judéo-chrétienne, où il n'est pas sûr que le mot soit utilisé comme tel, on utilise le terme d'« agapes » pour signifier un repas quotidien suivi d'une forme christianisée de la prière juive du birkat ha-mazone ; dans la tradition chrétienne dominante (non judéo-chrétienne), le terme d'« agape » est attesté (souvent au singulier) dans le sens d'un repas occasionnel de communion adelphite accompagné de prières et se déroulant le soir. Les textes insistent sur la notion de partage avec les pauvres.

L'importance des agapes (judéo-chrétiennes) vient de l'influence qu'elles ont exercée sur la formation de la prière eucharistique. Le terme, au pluriel comme dans l'épître de Jude, 12, devrait peut-être être réservé à cette dernière notion, tandis que la forme au singulier désignerait le repas de communion fraternelle sans lien avec l'eucharistie (à l'exception de I Cor. 11).

Les agapes, dans ce sens, sont synonymes du rite de la fraction du pain et les deux notions sont en étroit rapport avec les origines de l'eucharistie. Il convient pourtant, d'un certain point de vue, de maintenir une distinction entre les deux. Les agapes ne font pas référence à la Dernière Cène et on peut donc hésiter à les considérer comme un sacrement. La "fraction du pain" par contre est une expression fondatrice, utilisée par l'Évangile (de Luc) et les Actes des Apôtres. En d'autres termes, du point de vue de la théologie, le terme d'agapes convient pour désigner une étape dans la formation de l'eucharistie mais non pas pour le sacrement eucharistique comme tel, alors que la fraction du pain, où la présence du Christ ressuscité est pour ainsi dire palpable (comme le décrit en particulier le récit des pèlerins d'Emmaüs de Lc 24), peut apparaître comme le fondement historique du sacrement eucharistique.

Ces Agapes[1] dans un caveau du IVe siècle découvertes en 1988 à Tomis (Scythie mineure) sont presque identiques à celles des catacombes de Rome. Il n'y a pas de symbole spécifiquement chrétien.
Fresque d'un banquet dans une tombe des catacombes des saints Marcellin et Pierre, Via Labicana, à Rome.
  1. Le mot agapè dans l'inscription a conduit à interpréter la scène comme une agape, au sens paléochrétien du terme. Cependant l'inscription latine Agape misce nobis, "Agapè, mélange pour nous" (c'est-à-dire "prépare pour nous le vin"), suggère plutôt qu'Agape est ici le nom de la femme qui tient la coupe. Une fresque et une inscription très semblables dans la même catacombe a, au même endroit sur la fresque, les mots Misce mi Irene ("mélange pour moi, Irène"). Voir la reproduction sur Catacombe dei Ss. Marcellino e Pietro. Agapè, comme Irène, sont donc vraisemblablement le nom des personnes défuntes qui reposaient à l'endroit où la fresque avait été peinte. C'est par abus de langage que l'on parle parfois d'"agapes" (ou "agape") à propos des repas funéraires (d'origine païenne) ou des repas en mémoire des martyrs; sur ce sujet, voir l'article refrigerium.

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