Appropriation culturelle

Objet phénicien reprenant des motifs égyptiens dans un but décoratif. Les hiéroglyphes du cartouche n'ont aucune signification. (VIIIe ou IXe siècle av. J.-C., British Museum).

L'appropriation culturelle désigne à l'origine l'utilisation d'éléments matériels ou immatériels d'une culture par les membres d'une autre culture, dont l'acquisition d'artefacts d'autres cultures par des musées occidentaux. Par la suite, le concept est utilisé par analogie par la critique littéraire et artistique, le plus souvent avec une connotation d'exploitation et de domination[1].

L'expression même d'« appropriation culturelle » est par ailleurs toujours employée pour dénoter de multiples formes de transmission et de redéfinition culturelle (par exemple en sociologie et en histoire rurale).

Depuis la fin des années 2000, avec le temps et le développement de disciplines critiques aux États-Unis, le deuxième sens se popularise et tend à s'importer dans les pays francophones. L'appropriation culturelle se réfère donc souvent aujourd'hui à l'idée que l'utilisation d'éléments d'une culture par les membres d'une culture « dominante » ou jugée néocoloniale serait intrinsèquement irrespectueuse[2],[3]. L'extension de ce concept suscite des controverses et des débats de plus en plus fréquents entre ses partisans et ses critiques. Les partisans du concept affirment qu’il constituerait une forme d'oppression et de spoliation. La culture « minoritaire » se trouverait ainsi dépouillée de son identité, ou réduite à une simple caricature raciste[4],[5],[6],[7],[8].

Ses critiques voient dans l'utilisation polémique de ce concept une attitude politiquement correcte visant à entraver la liberté d'expression et de création. D'autres enfin considèrent qu'il est nécessaire de distinguer ce qui relève de l'utilisation nuisible (commerciale, malintentionnée ou stéréotypée) d'éléments culturels provenant de cultures historiquement dominées, et ce qui relève d'un phénomène historique et fructueux d'échanges interculturels.

  1. (en) « Cultural appropriation - Oxford Reference » (DOI 10.1093/oi/authority.20110803095652789, consulté le ).
  2. (en) James O. Young, Cultural Appropriation and the Arts, John Wiley & Sons, , 168 p. (ISBN 9780470694190, DOI 10.1002/9780470694190, lire en ligne), p. 5.
  3. « Tous coupables d'appropriation culturelle ? », sur Next.Libération, .
  4. (en-US) « What’s Wrong with Cultural Appropriation? These 9 Answers Reveal Its Harm », sur Everyday Feminism (consulté le ).
  5. Justin Bieber, Kylie Jenner, Iggy Azalea… Ces stars accusées d'appropriation culturelle, par Morgane Giuliani, sur RTL.fr, 7 avril 2016.
  6. (en) « Declaration on the Rights of Indigenous Peoples » (version du sur Internet Archive).
  7. (en) Rainforest Aboriginal Network (1993) Julayinbul: Aboriginal Intellectual and Cultural Property Definitions, Ownership and Strategies for Protection. Rainforest Aboriginal Network. Cairns. Page 65.
  8. Jessica Metcalfe, "Native Americans know that cultural misappropriation is a land of darkness". Pour The Guardian. 18 mai 2012. Consulté le 24 novembre 2015.

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