Aurochs de Heck

Aurochs de Heck
Un aurochs de Heck mâle.
Un aurochs de Heck mâle.
Région d’origine
Région Allemagne
Caractéristiques
Taille Grande
Robe brun foncé à roux
Autre
Diffusion internationale
Utilisation pâturage naturel, bouchère
Un petit troupeau.

L'aurochs de Heck (nom vernaculaire français)[1], ou « néo aurochs » ou « aurochs-reconstitué » selon son nom officiel pour la Commission nationale d'amélioration génétique (code de race no 30), est issu d'une sélection de races bovines domestiques menée en Allemagne dans les années 1920 et 1930 par le biologiste Lutz Heck et son frère Heinz, biologiste, directeur du zoo de Munich[2]. Ce mélange visait à recréer le phénotype sauvage des bovins domestiques, le plus proche possible de l'aurochs originel Bos primigenius. L'idée viendrait du zoologiste polonais Feliks Paweł Jarocki[3].

La méthode utilisée consistait à croiser des races domestiques « rustiques », supposées plus proches de l'aurochs des origines, afin de recréer une diversité génétique moins marquée par les transformations découlant de la domestication puis de sélectionner dans le groupe d'animaux ainsi obtenus, ceux ressemblant le plus à l'apparence physique initiale de l'espèce. Ce phénotype était supposé être un bon indicateur d'une proximité avec le génotype (patrimoine génétique) originel, qui a pu être décrit en 2015 grâce au séquençage d'ADN fossile vieux de 6 750 ans[3]. Pour ce qui est de la ressemblance, le résultat n'a été que partiel. L'apparence physique est plus rustique mais la taille reste inférieure à celle de l'aurochs sauvage, les cornes sont souvent nettement plus petites et la couleur est souvent plus claire. La capacité à vivre en liberté est par contre bien documentée et montre qu'une partie au moins des aptitudes de son ancêtre est toujours présente.

La méthode utilisée et la personnalité des frères Heck, adeptes du régime nazi (Lutz Heck ayant rejoint la SS dès 1933[4]), a entraîné après-guerre de vives polémiques, plusieurs biologistes considérant l'« aurochs reconstitué » comme une « supercherie nazie »[5]. D'autres, surtout en Allemagne et aux Pays-Bas, séparent la démarche du contexte idéologique et défendent l'introduction de l'animal dans des espaces sauvages.

Depuis la fin des années 1990, des éleveurs allemands ont entrepris d'introduire de nouvelles variétés bovines domestiques dans des groupes reproducteurs d'aurochs de Heck. Ces variétés, aux cornes et à la taille plus imposantes, ont donné des petits groupes d'animaux plus proches en apparence de l'aurochs sauvage. Les lignées actuelles regroupent donc une forte majorité d'animaux dont l'apparence et les caractéristiques génétiques sont fixées depuis les frères Heck et une petite minorité d'animaux dont les caractéristiques sont en train d'être revues pour se rapprocher de l'idée que chaque éleveur se fait du phénotype sauvage[6].

  1. Sur cette utilisation, voir la page qui lui est consacré, sur le site du Domestic Animal Diversity Information System de L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, ou FAO.
  2. Le mot « aurochs » est invariable et prend toujours un « s », même au singulier. L'expression « aurochs-reconstitué » s'écrit avec un tiret pour insister sur le fait qu'il ne s'agit ni véritablement d'un aurochs, ni d'un animal reconstitué (cf. infra).
  3. a et b Erik Stokstad, "Bringing back the aurochs", Science, 4 December 2015: Vol. 350 no. 6265 p. 1144-1147; DOI: 10.1126/science.350.6265.1144
  4. Benoit Grison, « Corne d'Aurochs ! : la saga scientifique mouvementée de Bos primigenius », in : Espèces n° 50, déc. 2023, p. 33, (ISSN 2256-6384)
  5. Jean Aikhenbaum ou Piotr Daszkiewicz, L'aurochs, le retour d'une supercherie nazie, éd. Histoire, sciences, totalitarisme, éthique et société, 1999, (ISBN 9782951436404)
  6. Benoit Grison, Op. cit. 2023, p. 34.

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