Chinoiserie

Assiette à imitation de décor de dragon chinois dit « à la guivre » en faïence de Rouen, circa 1750-60, France.
L'Occident reproduit les images de l'Orient : fresque italienne de Giovanni Domenico Tiepolo, 1757.
Statuette, assiettes et plat en céramique de Rouen, Chinoiserie, XVIIIe siècle, France, Musée de Bernay

Une chinoiserie est un objet d'art européen décoratif du XVIIe et XVIIIe siècle dont l'esthétique décalque l'art d'Asie . Il évoque l'attrait du collectionnisme pour les objets et architectures provenant d'Extrême-Orient, plus que de Chine en particulier. Il reflète un goût pour un Extrême-Orient rêvé, son imagerie et ses symboles, dans la forme (asymétrie, jeux sur les échelles) comme dans le fond (motifs et canons). L'art d'Asie orientale est vu et lu comme un modèle de singularités, qui est admiré, collectionné, copié, adapté mais aussi hybridé[1].

Par extension, le mot chinoiserie va désigner les bibelots ou objets d'art qui proviennent de Chine ou qui en sont dans le goût réel ou de fantaisie[2].

Le terme apparaît en 1823, chez Charles Fourier, pour désigner un art servile, immobile et fait de préjugés imitant les chinois qu'il ridiculise[3], puis il est repris en 1836, sous la plume de Honoré de Balzac dans son roman L'Interdiction[4] « pour désigner les objets décoratifs venus de Chine (...) qui forge l’esthétique du chimérique, du fantastique, de l’exotisme, du renouveau d’un style baroque ou rococo qui accompagnent le romantisme »[5].

Le mot entre dans le dictionnaire Larousse en 1845, avec un sens péjoratif de bizarre et vulgaire[1] pour désigner les objets de bazars prisés par les femmes légères ou parvenues.

Le mot « chinoiserie » est repris du français en anglais, allemand ou néerlandais et se dit « style chinois » (中国风) en mandarin.

  1. a et b in: Jacques Marx, De la Chine à la chinoiserie. Échanges culturels entre la Chine, l'Europe et les Pays-Bas méridionaux (XVIIe – XVIIIe siècles), Revue belge de Philologie et d'Histoire, No 85, Bruxelles, 2007, p. 735-7
  2. Définition donnée dans la septième édition du dictionnaire de l'Académie Française en 1878, où le mot fait son entrée. voir https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A7C1417
  3. « L'âge moderne, par la servilité du génie, a tout paralysé il a empêché les progrès les plus faciles dans toutes les branches de sciences et d'arts il les cultive en crétin intellectuel tremblant de faire un pas au delà des limites que le préjugé lui a fixées; frappé d'immobilisme, comme ces Chinois qu'il ridiculise. On peut en voir quelques détails dans la note 12 (187), sur la Servilité des sciences et des arts. L'empire de l'habitude ou CHINOISERIE UNIVERSELLE » in Charles Fourier, Théorie de l'unité universelle ; Du libre arbitre, Chap III, Paris ed 1841-42, p177 et note 12 p187 .
  4. « CHINOISERIE : Définition de CHINOISERIE », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  5. in Marianne Bastid-Bruguière, La France et la Chine : itinéraire d’une rencontre, BNF à lire sur https://heritage.bnf.fr/france-chine/fr/editorial#haut%20de%20page

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