La francisation démarra graduellement au XVIIIe siècle, mais elle ne prit toute son ampleur que lorsque la Belgique devint indépendante et que le nombre d'habitants de la nouvelle capitale s'accrut rapidement[5],[6]. Le recul massif du dialecte brabançon[7], communément appelé dialecte flamand[8],[9], ne commença que dans la seconde moitié du XIXe siècle[10]. Le français — seule langue officielle en dépit de la majorité flamande[11] — était la langue des tribunaux, de l'administration, de l'armée, de la culture, des médias et de l'enseignement[8]. En tant que langue du pouvoir économique et politique, et des échanges internationaux à l'époque[12],[13], adopter le français était considéré comme absolument nécessaire pour progresser socialement[11],[14],[15]. À partir de 1880[16], on constate une véritable explosion de la connaissance du français parmi les néerlandophones[15],[12]. Le néerlandais ne se transmettait plus à la génération suivante[17], ce qui a eu pour effet une augmentation considérable du nombre des francophones unilingues après 1910[18].
À partir des années 1960[19], alors que l'anglais s'est ajouté au français (qui reste la langue dominante dans les institutions européennes jusqu'au début des années 1990) comme langue des échanges et diplomatique internationale avant de [20], la fixation de la frontière linguistique en Belgique[21] et l'essor économique de la Région flamande[15] ont eu pour effet de ralentir, puis d'arrêter la francisation des néerlandophones[22],[23]. Durant la seconde partie du XXe siècle, Bruxelles devint progressivement une ville d'échanges internationaux, ce qui contribua à un afflux d'immigrants qui favorisèrent l'émergence du français ainsi que d'autres langues étrangères[17], aux dépens du néerlandais[24]. Simultanément, à la suite de l'urbanisation[25], un nombre supplémentaire de communes précédemment néerlandophones de la périphérie bruxelloise devinrent majoritairement francophones[21],[26],[27]. Ce phénomène, connu en Flandre comme la « tache d'huile » (« olievlek »)[28], constitue, en même temps que la question du statut de Bruxelles[29], un des principaux sujets de contentieux de la politique belge[30],[31],[15].
↑Anja Detant, Kunnen taalvrijheid en officiële tweetaligheid verzoend worden? De toepassing van de taalwetgeving in het Brussels Hoofdstedelijke Gewest en de 19 gemeenten [411-438], Bruxelles, De Boeck & Larcier, coll. « Het statuut van Brussel / Bruxelles et son statut », , 817 p. (ISBN2-8044-0525-7)
↑(fr) Els Witte, Analyse du statut de Bruxelles (1989-1999) [19-33], Bruxelles, De Boeck & Larcier, coll. « Het statuut van Brussel / Bruxelles et son statut », , 817 p. (ISBN2-8044-0525-7)
↑(fr) André-Paul Frognier, Les interactions stratégiques dans la problématique communautaire et la question bruxelloise [705-720], Bruxelles, De Boeck & Larcier, coll. « Het statuut van Brussel / Bruxelles et son statut », , 817 p. (ISBN2-8044-0525-7)