Gothique international

Colart de Laon, "Prière au Jardin des Oliviers, où le donateur Louis Ier d'Orléans", vers 1405-1408, Musée du Prado

Le gothique international (ou style international, ou art européen vers 1400[1]) est une phase tardive de l'art gothique qui s'est simultanément développée sur les terres franco-flamandes, en Bourgogne, en Bohême et dans le nord de l'Italie entre la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle[2] avant de se propager largement à travers l'ensemble de l'Europe occidentale et centrale, justifiant ainsi le nom donné à cette période par l'historien d'art français Louis Courajod à la fin du XIXe siècle[3].

Ce style, nommé « weicher Stil », ou « style doux » en allemand, et influencé par l'esprit courtois dont témoigne également la littérature, est marqué par une recherche nouvelle de l'élégance précieuse, et se traduit par l'emploi de tons plus vifs, jouant volontiers sur des appariements de couleurs primaires, par un affinement des représentations humaines corrigeant les formes plus statiques et hiératiques du gothique, par une plus grande attention aux détails — par exemple des étoffes et des drapés — et à l'observation de la nature — notamment des végétaux et des animaux. D'un autre côté, le gothique international se fait aussi l'écho des inquiétudes de l'époque, et connaît une inspiration plus sombre, s'attachant à des représentations plus crues et saisissantes de la mort. L'art s'engage alors vers une relative sécularisation de ses fonctions, les œuvres ainsi produites pour une élite de cour pouvant annoncer les commandes bourgeoises qui se développeront au XVe siècle.

Historiquement, ce style peut être considéré comme la dernière manifestation d'un art du Moyen Âge cosmopolite, par opposition aux évolutions ultérieures qui distingueront, à partir du XVe siècle, d'un côté l'école italienne qui, poursuivant un mouvement amorcé par Giotto et certains de ses suiveurs, donnera lieu à la Première Renaissance, de l'autre l'école flamande, qui sera marquée de manière décisive et définitive par les innovations picturales d'Hubert et Jan van Eyck. En Europe du Nord, des continuations de ce style qualifiées de « gothique tardif », concernant tout particulièrement les éléments décoratifs, peuvent subsister jusqu'au XVIe siècle, dans la mesure où aucun terme alternatif n'a su s'imposer pour le remplacer avant la Renaissance. L'usage et l'extension du terme varient cependant quelque peu parmi les historiens d'art[4], certains préférant même le considérer, « à de nombreux égards, [comme] non réellement pertinent […] dans la mesure où il tend à aplanir les différences comme les détails de la transmission [artistique][5] ».

  1. Du nom de la huitième exposition tenue sous les auspices du Conseil de l'Europe au Kunsthistorisches Museum de Vienne du 7 mai 1962 au 31 juillet 1962. Lire en ligne. Page consultée le 4 juillet 2012
  2. (en) Ingo F. Walther, Robert Suckale, Manfred Wundram, Masterpieces of Western Art: A History of Art in 900 Individual Studies from the Gothic to the Present Day, Taschen, 2002, p. 22. Lire en ligne. (ISBN 3-8228-1825-9).
  3. Gabriele Fattorini, Mauro Lucco, Giovanni Sassu et Giovanni C. F. Villa, « Le XVe siècle », in La Peinture italienne, sous la direction de Carlo Pirovano, tome I, Mengès, 2002, p. 227. (ISBN 2-85620-426-0).
  4. (en) Définition du « style gothique international » sur le site de la Web Gallery of Art. Lire en ligne. Page consultée le 4 juillet 2012
  5. (en) Luke Syson et Dillian Gordon, Pisanello : Painter to the Renaissance Court, Londres, National Gallery Company, 2001, p. 58. (ISBN 978-1857099324).

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