Hugues de Balma

Hugues de Balma
Viae Sion lugent. Manuscrit du XIVe siècle
Naissance
Date inconnue
Décès
Date incertaine, peut-être 1304 ou 1305
École/tradition
Principaux intérêts
Voie contemplative, rapport entre théologie mystique et théologie spéculative
Idées remarquables
Possibilité d'une connaissance purement affective de Dieu sans connaissance intellectuelle préalable
Œuvres principales
Viae Sion lugent
Influencé par
A influencé
Guigues du Pont, Nicolas de Cues, Jean Gerson, Vincent d'Aggsbach, Nicolas Kempf, Henry Herp, Bernardin de Laredo, Garcia Jemenez de Cisneros, José de Jesus-Maria Quiroga, Jean de Saint-Samson.

Hugues de Balma, parfois de Balmay, est un moine chartreux du XIIIe siècle, auteur d'un traité qui commence par les mots Viae Sion lugent, connu aussi sous les titres de Théologie mystique ou de De triplici via. Au début du XXe siècle, des recherches historiques ont permis d'identifier cet auteur à Hugues de Dorche qui fut prieur de la chartreuse de Meyriat à la fin du XIIIe siècle. Suivant cette hypothèse, largement admise mais néanmoins discutée, il peut aussi être appelé Hugues de Balma de Dorche.

Hugues de Balma a rédigé le Viae Sion lugent dans le but d'exposer la théologie mystique du pseudo-Denys l'Aréopagite[1]. Pour lui, cette théologie mystique ne relève pas d'un enseignement humain. Il considère que « cette sagesse que l'on appelle théologie mystique, que l'apôtre Paul exposa, que son disciple, le bienheureux Denys l'Aréopagite, rédigea, s'identifie au désir de Dieu par l'amour[2]. » Hugues écrit que « l'homme ne peut enseigner cette sagesse suprême. [...] Il la reçoit immédiatement de Dieu, au-dessus de tout intellect, par le sentiment de l'amour[3]. » La sagesse dont relève la théologie mystique est ainsi, pour Hugues, au-dessus de l'intelligence humaine, et sa possession implique un abandon de la sagesse humaine.

À la suite du prologue, le traité se compose de trois parties qui correspondent aux étapes de la vie contemplative : la voie purgative, la voie illuminative et la voie unitive. Il se termine par une question traitée sous forme de disputatio et appelée « question difficile ». Cette question est celle de savoir si l'âme peut être attirée par Dieu de façon purement affective, sans en avoir de connaissance intellectuelle préalable ou concomitante. Pour Hugues, la réponse est assurément positive, bien que, pour la forme, il avance cette thèse sous l'aspect d'une question.

Restée peu diffusée pendant un siècle, la Théologie mystique d'Hugues de Balma a surtout été lue et commentée durant le XVe siècle. Sur plus d'une centaine de manuscrits subsistants aujourd'hui, au moins 83 ont été copiés entre la fin du XIVe siècle et 1500, ce qui témoigne du grand intérêt que suscita le Via Sion lugent à cette époque. Ses thèses furent reprises par Jean Gerson au début du XVe siècle. Elles furent ensuite discutées dans la « controverse autour de la docte ignorance » qui dura de 1451 à 1459 et impliqua notamment Nicolas de Cuse, Gaspard Aindorffer, Bernard de Waging et Vincent d'Aggsbach. Par son influence, ce traité a contribué à ce que la théologie mystique puisse être vue comme une forme particulière de la théologie par opposition à la théologie dite spéculative ou scolastique.

  1. Ysabel de Andia, « Consurge ignote ad unitionem. L'interprétation de Denys l'Aréopagite dans la Théologie mystique d'Hugues de Balma et « Les deux voies » dans Denys l’Aréopagite, tradition et métamorphoses, Paris, Vrin, Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie, 2007, p.213. (ISBN 978-2-7116-1903-0)
  2. Hugues de Balma, Théologie mystique, Prologue §4, SC 408 p. 127.
  3. Hugues de Balma, Théologie mystique, Prologue §4, SC 408 p. 129 ; voir aussi, Francis Ruello et Jeanne Barbet, « Introduction » dans Hugues de Balma, Théologie mystique tome I, Paris, Cerf, Sources Chrétiennes 408, 1994, p. 13. (ISBN 2-204-05115-2)

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