Ibn Khaldoun

Ibn Khaldoun
ابن خلدون (ar)
Statue d'Ibn Khaldoun, Tunis.
Naissance
Décès
Formation
Principaux intérêts
Idées remarquables
Théorie cyclique des empires, Asabiyya, Théorie de la croissance économique, Théorie de l'offre et de la demande, Philosophie de l'histoire
Influencé par
A influencé

Ibn Khaldoun (en arabe : [ɪbn̩ χɐlduːn][1]; nom complet : أبو زيد عبد الرحمن بن محمد بن خلدون الحضرمي (Abou Zeïd Abdelrahman ibn Mohammed ibn Khaldoun al-Hadrami), né le à Tunis (sultanat hafside de Tunis) et mort le au Caire, est un historien, économiste, géographe, démographe, précurseur de la sociologie et homme d'État d'origine arabe[2].

Issu d'une grande famille andalouse d’origine yéménite et chassée de la péninsule ibérique par la Reconquista, Ibn Khaldoun naît à Tunis à l'époque dominée par une dynastie berbère, les Hafsides, et alors que le Maghreb connaît une paix relative. Après une existence active comme conseiller ou ministre des souverains berbères musulmans du Maghreb, Ibn Khaldoun se retire à 45 ans au Caire, alors sous la domination des Mamelouks, où il rédige son œuvre et enseigne.

Voyageur et mobile toute sa vie, Ibn Khaldoun passe par Damas en 1401, peu avant que la ville ne soit assiégée et prise par Tamerlan. Il obtient alors du redoutable conquérant, qu'il épargne la vie des habitants, chose rarissime, alors que Tamerlan massacrait en général tous les habitants, sauf quelques artisans.

Sa façon d'analyser les changements sociaux et politiques qu'il observe dans le Maghreb et la péninsule Ibérique de son époque conduit à le considérer comme un précurseur de la sociologie et de la démographie modernes[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9]. Dans son œuvre majeure, Le Livre des exemples, il raconte l'Histoire universelle à partir des écrits de ses prédécesseurs, de ses observations au cours de ses nombreux voyages et de sa propre expérience de l'administration et de la politique. L'introduction, intitulée la Muqaddima (les Prolégomènes en français), expose sa vision de la façon dont naissent et meurent les empires.

Il est aussi un historien de premier plan. Dans ces deux ouvrages résolument modernes dans leur méthode, il insiste dès le début sur l'importance des sources, de leur authenticité et de leur vérification à l'aune de critères purement rationnels. Les savants européens du XIXe siècle reconnaissent l'importance des Prolégomènes, et considèrent Ibn Khaldoun comme l'un des plus grands philosophes du Moyen Âge[10],[11]. Georges Marçais affirme que l'œuvre d'Ibn Khaldoun est « un des ouvrages les plus substantiels et les plus intéressants qu'ait produits l'esprit humain »[12],[13]. Selon Gabriel Martinez-Gros, il « est le seul grand philosophe de l'histoire et du pouvoir qui ne soit pas européen »[14].

  1. Le son /χ/ de l'arabe n'existe pas en français (qui ne connaît que son équivalent sonore /ʁ/); les francophones remplacent généralement /χ/ par un /k/, d'où [ibn kaldun].
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  3. (en) Warren E. Gates, « The Spread of Ibn Khaldûn's Ideas on Climate and Culture », Journal of the History of Ideas, vol. 28, no 3,‎ , p. 415-422 (DOI 10.2307/2708627, lire en ligne, consulté le ) :

    « ...considéré par certains occidentaux comme le vrai père de l'historiographie et de la sociologie »

    .
  4. (en) Jean David C. Boulakia, « Ibn Khaldûn: A Fourteenth-Century Economist », Journal of Political Economy, vol. 79, no 5,‎ , p. 1105-1118 (lire en ligne, consulté le ) :

    « Ibn Khaldoun a été proclamé le précurseur d'un grand nombre de penseurs européens, principalement des sociologues, des historiens et des philosophes »

    .
  5. (en) M. Dhaouadi, « Ibn Khaldun: The founding father of eastern sociology », International Sociology, vol. 5,‎ , p. 319-335, article no 3 :

    « Le père fondateur de la sociologie orientale »

    .
  6. (en) L. Haddad, « A Fourteenth-Century Theory of Economic Growth and Development », Kyklos, vol. 30, no 2,‎ , p. 195-213 (ISSN 1467-6435, DOI 10.1111/j.1467-6435.1977.tb02006.x, lire en ligne, consulté le ) :

    « Ce grand projet pour trouver une nouvelle science de la société fait de lui le précurseur de nombreux constructeurs de systèmes des XVIIIe siècle et XIXe siècle tels que Vico, Comte et Marx. "Comme l'un des premiers fondateurs des sciences sociales" »

    .
  7. (en) Joseph J. Spengler, « Economic Thought of Islam: Ibn Khaldun », Comparative Studies in Society and History, vol. 6, no 3,‎ , p. 268-306 (lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Jean David C. Boulakia, « Ibn Khaldûn: A Fourteenth-Century Economist », Journal of Political Economy, vol. 79, no 5,‎ , p. 1105–1118 (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Sorinel Cosma, « Ibn Khaldun's Economic Thinking », Ovidius University Annals of Economics, Ovidius University Press, vol. XIV,‎ , p. 52-57 :

    « Il est considéré par certains comme un père de l'économie moderne, ou au moins un précurseur majeur. Le monde occidental reconnaît Khaldun comme le père de la sociologie, mais hésite à le reconnaître comme un grand économiste qui a posé ses fondements mêmes. Il a été le premier à analyser systématiquement le fonctionnement d'une économie, l'importance de la technologie, la spécialisation et le commerce extérieur dans l'excédent économique et le rôle du gouvernement et de ses politiques de stabilisation pour accroître la production et l'emploi. En outre, il a abordé le problème de la fiscalité optimale, des services gouvernementaux minimaux, des incitations, du cadre institutionnel, de la loi et de l'ordre, des attentes, de la production et de la théorie de la valeur »

    .
  10. (en) Bernard Lewis, Ibn Khaldun in Turkey, Ibn Khaldun: The Mediterranean in the 14th Century: Rise and Fall of Empires, Fundación El Legado Andalusí, , 455 p. (ISBN 978-84-96556-34-8, lire en ligne), p. 376-380.
  11. (en) S. M. Deen, Science under Islam : rise, decline and revival, Lulu.com, , 262 p. (ISBN 978-1-84799-942-9 et 1-84799-942-5, lire en ligne), p. 157.
  12. Phrase vérifiée par consultation de la publication initiale : https://books.google.fr/books?id=fXgvAAAAMAAJ&q=%22un+des+ouvrages+les+plus+substantiels+et+les+plus+int%C3%A9ressants+qu%27ait%22&dq=%22un+des+ouvrages+les+plus+substantiels+et+les+plus+int%C3%A9ressants+qu%27ait%22&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjm7Jmp2Ij_AhWQUKQEHXeKCyIQ6AF6BAgFEAI
  13. Lacoste 1998, p. 7.
  14. Gabriel Martinez-Gros, Brève histoire des empires, Éditions du Seuil, , p. 9.

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