Introversion et extraversion

Les termes introversion et extraversion furent proposés par Carl Gustav Jung dans son ouvrage Types Psychologiques[1],[2] (1921) pour distinguer les deux types d’attitudes observables chez les individus selon leur tendance à s’intéresser aux objets externes (les autres, le monde) ou à leur propre univers intérieur ou subjectivité. À ce propos, compte tenu de la tendance à considérer le ‘subjectif’ comme ayant moins de validité que ce qui est « objectif », Jung tient à clarifier ce qu’il signifie par subjectivité dans ce contexte : « Par le facteur subjectif j’entends l’action ou réaction psychologique qui fusionne avec l’effet produit par l’objet donnant lieu à une nouvelle donnée psychique. »[3].

Dans les mots du psychologue suisse :

« … deux personnes voient un même objet mais jamais elles ne le voient de façon que les images qu’elles reçoivent soient identiques. Au-delà de l’acuité variable des organes sensoriels et de l’équation personnelle [tendance à voir seulement ce que l’on ‘peut’ voir, manque d’impartialité], il existe souvent une différence radicale, de genre et de degré, dans l’assimilation psychique de l’image perçue. Tandis que l’extraverti fait constamment appel à ce qui lui parvient à partir de l’objet, l’introverti s’appuie principalement sur ce que l’impression sensorielle constelle à l’intérieur du sujet. »[4]

À partir de cette première distinction, Jung approfondit son étude en déclinant à l'intérieur de ces deux catégories une typologie basée sur les fonctions psychologiques suivantes : pensée, sentiment, sensation et intuition (voir article Typologie Jungienne).

Les notions d'extraversion et introversion deviennent les traits de personnalité qui ressortent le plus dans l'approche empirique du modèle des Big Five, de l'outil Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) développé dans les années 60 et inspiré par le modèle des Types Psychologiques de Jung, ainsi que plus récemment, dans le modèle HEXACO. L'axe Introversion/Extraversion est un aspect du MBTI qui aurait une valeur scientifique (bien que l'outil lui-même ne soit pas utilisé dans le milieu scientifique). Il a été reconnu comme scientifique en 1991 par l'Académie nationale des sciences, aux États-Unis.

Le psychologue nord-Américain Jerome Kagan s'est intéressé à l'introversion, et à son éventuel caractère génétique. En 1989, son équipe mène une expérience où 500 bébés de quatre mois sont exposés à du bruit, des mouvements brusques et au toucher de l'alcool. 40 % d'entre eux réagissent tranquillement (Kagan les a nommés « faiblement réactifs » et a fait l'hypothèse qu'ils deviendraient extravertis) , 20 % ne supportent pas ces expositions (les potentiels introvertis, «hautement réactifs») et 40 % ont une réaction intermédiaire. Les potentiels extravertis et introvertis ont eu un suivi en grandissant et beaucoup (pas tous cependant) sont devenus ce que Kagan avait prédit[5].

  1. Carl Gustav Jung, Types Psychologiques, Georg Editeur, , 505 p. (ISBN 978-2-8257-0467-7).
  2. (en) Carl Gustav Jung, Psychological Types, The Collected Works, Vol 6, Princeton, NJ, Princeton University Press, , 608 p. (ISBN 0-691-01813-8).
  3. (en) C G Jung, Psychologycal Types, p. 375.
  4. (en) C G Jung, Psychological Types, p. 374.
  5. (en) Susan Cain, Quiet : The Power of Introverts in a World That Can’t Stop Talking, Crown, , 333 p. (ISBN 978-0-307-35214-9).

© MMXXIII Rich X Search. We shall prevail. All rights reserved. Rich X Search