Jean de Roquetaillade

Jean de Roquetaillade
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Manuscrit de Jean de Roquetaillade (1350)
Alias
Johannes de Rupescissa
Naissance entre 1305 et 1310
Marcolès (Yolet)
Décès entre 1366 et 1370
Avignon
Pays de résidence Aquitaine, Avignon
Profession
Activité principale
théologien, prophète et polémiste
Autres activités

Jean de Roquetaillade (en latin Johannes de Rupescissa) est un frère mineur français du couvent d'Aurillac, « théologien, polémiste et alchimiste » selon Jeanne Bignami-Odier[1]. Né entre 1305 et 1310 à Marcolès (Cantal) sur les marges occidentales de l'Auvergne[2], il est mort à Avignon entre 1366 et 1370.

Auteur prolifique d'écrits critiques et prophétiques, il développe une eschatologie apocalyptique inspirée des principaux thèmes de la Lectura super Apocalism de Pierre de Jean Olivi adossés à la théologie de l'histoire de Joachim de Flore et aux messages prophétiques d'Arnaud de Villeneuve. Sa vision d'une société utopique où chacun sera illuminé par le Saint-Esprit qui laissera croire que « le paradis est descendu sur terre », garantissant mille années solaires de félicité, supposait qu'au préalable la société passe par quarante-cinq années de guerres très cruelles[n 1] et soit purgée « des princes, des forts et des riches [qui] se sont faits les compagnons des voleurs…des plus grands prélats [qui] sont assoiffés et avides d’argent comme une femme corrompue » (Bognani-Odier[1], p. 219). Son système prophétique représente non seulement la culmination de la tradition prophétique des Franciscains mais le système prophétique chrétien le plus détaillé, cohérent et influent du XIVe siècle, selon Robert Lerner[3].

Poursuivi par l'Inquisition, il passa une vingtaine d'années emprisonné (de 1344 à c. 1364) dans des couvents du Sud-Ouest puis dans la prison papale d'Avignon, non pas sous les accusations d'hérésie, qui ne purent jamais être établies à son égard, mais parce qu'il « annonça beaucoup de choses sur de futures calamités de l'Église, destinées à purger les mœurs du clergé corrompu » (Luc de Wadding[1]).

En alchimie, il est l'introducteur de la notion de quintessence, qu'il obtenait par distillations successives du vin dans un alambic (donnant l'aqua ardens, l'eau-de-vie) suivies par une « distillation circulaire » pour en faire une substance incorruptible comme « le Ciel vis-à-vis des quatre éléments ». Il généralise ensuite la notion de quintessence aux substances tirées par des procédures alchimiques des plantes et minéraux médicinaux. Il obtient ainsi des remèdes capables d'exprimer « au centuple » les vertus médicinales des matières médicales. Cette idée sera reprise par les apothicaires et médecins du XVIe siècle qui ouvrirent la voie à la pharmacologie et médecine chimiques modernes.

Jean de Roquetaillade fut immédiatement célèbre et ses idées connurent une certaine notoriété de son vivant, comme l'attestent des chroniques contemporaines. Une quinzaine de chroniqueurs du XIVe et du début du XVe siècle, l'évoquent à propos d'un certain nombre de grands événements de l'histoire de la chrétienté qu'il prétendait avoir prédits comme la défaite du roi de France à Poitiers en 1356 ou l'éclatement du Grand Schisme en 1378. Certains de ses manuscrits[n 2] qui sont connus par de nombreuses copies et des traductions dans toutes les langues de la chrétienté, ont largement circulé. Ce sont cependant ses œuvres les plus courtes qui semblent avoir été les plus célèbres, et plutôt sous la forme de morceaux choisis que dans leur intégralité[2].

  1. a b et c Jeanne Bignami-Odier, « Jean de Roquetaillade (de Rupescissa), Théologien, polémistes, alchimiste », dans Charles Samaran, Histoire littéraire de la France, tome XLI, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
  2. a et b André Vauchez, Saints, prophètes et visionnaires. Le pouvoir surnaturel au Moyen Âge, Albin Michel,
  3. Robert E. Lerner, « Historical introduction », dans R. E. Lerner, C. Morerod-Fattebert, Johannes de Rupescissa, Liber secretorum eventuum,, Fribourg, Suisse, Éditions universitaires, (lire en ligne)


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