Kalinago

Famille kalinagos, telle qu’imaginée par Jean-Gabriel Stedman en 1796.

Les Kalinagos[1], Caraïbes, Karibs ou Caribes, sont des populations autochtones originaires du Nord du Venezuela ayant migré vers les îles des Caraïbes vers la fin du IXe siècle de notre ère[2]. Le nom international de « Caraïbes » leur a été définitivement attribué après l'arrivée des Européens dans le Nouveau Monde. De ce fait, ce peuple préfère l’appellation Kalinagos plus proche de leur nom originel (Kali'nas) tel qu'il a été enregistré par le prêtre missionnaire français Raymond Breton au début du XVIIe siècle, les hommes s'appelaient eux-mêmes Callinago et les femmes Calliponam.

Les Caraïbes ont nommé l'actuelle Dominique Wai`tukubuli qui signifie « Grand est son corps » et « Hairoun », non traduit, l'île de Saint-Vincent[3]. Ils donneront leur nom à la mer de l'Amérique centrale, devenue la mer des Caraïbes, et plus largement à la région des Caraïbes[4],[5].

À la suite du premier contact avec les kalinagos, Christophe Colomb note dans son journal qu'on lui a rapporté l'existence : « Des hommes avec un seul œil, d'autres ayant des museaux de chien, se nourrissant de chair humaine : sitôt qu'ils capturaient un ennemi, ils le décapitaient, buvaient son sang et ils lui coupaient la nature ».

Les tout premiers voyageurs de l'époque témoignent de pratiques cannibales des Kalinagos envers leurs ennemis vaincus (Voyage du capitaine Fleury, en 1618 un des premiers bateau européen à accoster en Martinique notamment, avec inclusion du premier recueil de vocabulaire caraïbe ; l'auteur a vécu presque 6 mois parmi les caraïbes et son témoignage est de première valeur)  :

« Cannibale » a pour origine un terme arawak, caniba, déformation de cariba, mot par lequel les Indiens Carib des Petites Antilles s'auto-désignaient. Dans leur bouche et dans leur langue, le mot signifiait, semble-t-il, « hardi », « homme courageux ». En revanche, pour les Arawaks de Cuba, (Grandes Antilles), victimes des incursions répétées et sanglantes de leurs ennemis Carib, qui ne cessaient de remonter d'île en île, toujours plus au nord, le terme de cariba comportait une connotation extrêmement négative. C'est cette dernière qui prévalut, dans le discours prétendument factuel de Colomb, infléchissant d'emblée l'image du Carib, insensiblement transformé en redoutable et pittoresque cannibale[6]. »

La désignation des Caraïbes dans la langue arawak, cariba, a par ailleurs été transposée, via l'espagnol, dans de nombreuses langues européennes, par exemple le français, donnant l'adjectif et substantif « cannibale ».

  1. Nom donné à la partie du peuple Kali'ha (qui peuplait le nord de l'Amérique du Sud) qui a migré vers les Petites Antilles.
  2. Ile en Ile, « Chronologie précolombienne », sur lehman.cuny.edu, Ile en Ile, 1999-2009 (consulté le ).
  3. (en) Ile en Ile, « The original names of Caribbean/West Indian regions », sur lehman.cuny.edu, Ile en Ile, 1999-2009 (consulté le ).
  4. (en) « Carib History, Traditions, & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
  5. Académie française, « Caraïbe (adjectif) », sur www.dictionnaire-academie.fr (consulté le ).
  6. Natalie Noyaret, Le Vampirisme et ses formes dans les lettres et les arts : Actes de la double Journée d'étude « Des confluences et conflits, le vampirisme et ses formes dans les lettres et les arts », Université de Nantes, 16-17 janvier 2009, organisée par le Centre de recherche sur les conflits d'interprétation, CERCI ; textes réunis et présentés par Nathalie Noyaret XVe – XXIe siècle : 1492-2009, Paris, L'Harmattan, (BNF 42011222, lire en ligne), p. 41.

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