Katoaga

Photo en couleur montrant des cochons cuits, disposés régulièrement sur le sol les pattes en l'air. Des nattes colorées sont posées sur certains d'entre eux. Des voitures sont visibles à l'arrière plan, quelques personnes marchent sur le côté. Un groupe de personnes est assis sur une natte sur le côté gauche de la photo.
Cochons et nattes alignés devant le palais royal d'Uvea à Matā'utu lors d'un katoaga à Wallis en 2008.

Le kātoaga est une fête coutumière de Wallis-et-Futuna, collectivité d'outre-mer française d'Océanie de culture polynésienne. Lors de cette cérémonie, des biens sont échangés, tels que des cochons, des paniers de légumes (ignames et taro), des nattes, des tapa ou encore des enveloppes remplies de billets de banque. Il a lieu à l'occasion de fêtes religieuses, d'évènements politiques (intronisation d'un souverain, fête nationale…) ou d'évènements privés (mariage, communion, enterrement). D'origine ancienne et présent dans de nombreuses sociétés polynésiennes, le katoaga obéit à un rituel et un protocole strict qui n'a que peu changé depuis la christianisation de Wallis-et-Futuna au XIXe siècle. Il commence par une messe catholique, est suivi d'un repas, d'une cérémonie du kava, puis de danses exécutées par les villageois, avant que les vivres apportés par les habitants ne soient redistribués aux dignitaires et à la population, chaque don étant attribué selon le rang de la personne à qui il est destiné. Des discours, poèmes et récits de la tradition orale sont déclamés par les dignitaires participants. Ces grandes fêtes coutumières mobilisent plusieurs villages ou districts et nécessitent plusieurs semaines voire mois de préparation.

Un katoaga filmé à Wallis en 2020 dans le village de Halalo : messe à la chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc, mise en place des vivres (paniers, cochons, nattes, etc) et détermination de leur destinataire, cérémonie du kava, discours.

Le katoaga est une obligation coutumière qui concerne l'ensemble de la population. Il répond à une logique de dons et contre-dons comparable à celle du potlatch, où les biens offerts confèrent du prestige à leur donateur et obligent le receveur à rendre en retour, en dehors de toute valeur d'usage ou monétaire. Le statut social du donataire est déterminé par la qualité et la quantité de biens qu'il offre. Les vivres et les objets donnés lors d'un katoaga sont produits par ceux qui les apportent, selon une logique genrée (cochons et ignames pour les hommes, nattes pour les femmes), mais de plus en plus de Wallisiens et Futuniens salariés les achètent à des producteurs, conduisant à une inflation de dons et à de l'endettement pour pouvoir offrir des biens à la hauteur de leur rang. Cela contribue néanmoins à une redistribution des richesses monétaires parmi la population.

Le katoaga met en scène l'ordre social des sociétés wallisienne et futunienne, en affichant la place de chacun dans la hiérarchie, mais constitue également une arène politique, l'autorité des chefs coutumiers se mesurant dans leur capacité à rassembler de nombreuses personnes offrant des richesses qui sont ensuite redistribuées. Cette cérémonie consacre également le rôle des rois coutumiers comme les garants du bon fonctionnement de la société, dans une position d'intermédiaires entre le monde des vivants, celui des ancêtres et Dieu.


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