Lande

La formation de la plupart des landes européennes[1] débute aux environs de 4 500 ans avant notre ère[2] lors de défrichements forestiers[3]. Le développement et le maintien des landes régressives durant l'âge du Fer est probablement la conséquence de la recolonisation végétale succédant à ces défrichements, à l'abandon des terrains appauvris après exploitation agricole et à des pratiques agropastorales (ici le pâturage extensif)[4]. L'agriculture a ainsi contribué pendant des millénaires au maintien d'un écosystème dans lequel la succession végétale en milieu anthropisé a trouvé un équilibre intermédiaire. Elles sont ainsi devenues une caractéristique majeure du paysage agraire européen jusqu'au milieu du XIXe siècle mais ont beaucoup régressé au XXe siècle à la suite des amendements et de la déprise agricole[5].
Bien qu'elles soient en forte régression, les landes restent un espace naturel autour duquel se développent les légendes, comme ici les menhirs de Monteneuf, mégalithes qui participent à l'élaboration de l'imaginaire romantique.
La rhodoraie peut dépasser la limite de la forêt pour former une lande extrasilvatique.
Lande rase, à bruyère et graminée, Mont Wilsede, région de Lunebourg, Allemagne.
Une lande dans le New Forest, en Angleterre.
Lande rase à bruyère dans le Hügelgräberheide Halle-Hesingen (Allemagne), zone Natura 2000[6]

La lande[7] (parfois appelée « dorne » dans le nord de la France) est un type d'habitat naturel où se développe une formation végétale particulière, caractérisée par une physionomie de fruticée, c'est-à-dire une formation où dominent des arbrisseaux et des sous-arbrisseaux xéromorphes et sempervirents (les arbres et arbustes sont rares) poussant typiquement sur des sols pauvres, siliceux ou calcaires. Elle correspond à des fourrés denses constitués de plantes ligneuses basses ne dépassant généralement pas deux mètres de haut[8].

Landicole se dit d'un organisme (flore et faune) qui vit dans les landes.

Les landes sont presque toujours caractérisées dans le monde par la présence d’espèces de l’ordre des Éricales et, en Europe, plus particulièrement des Éricacées (landes à Calluna, Erica, Rhododendron, Vaccinium, appelées respectivement callunaie, ériçaie, rhodoraie et vacciniaie). D’autres groupes spécifiques peuvent être bien représentés dans les landes, notamment en Europe : les Fabacées ou légumineuses (landes à Ulex, Cytisus, Adenocarpus, Genista appelées ulicétaie, cytisaie, adénocarpaie, génistaie, et regroupées sous le terme générique de genêtaie ou genétière), les Cistacées (Cistus), les Salicacées (Salix) et les graminées (fétuque, molinie, agrostide)[9].

La lande est un milieu naturel très répandu dans le monde entier, présent dans les zones tempérées de l'Europe à l'Australie en passant par l'Afrique du Sud, la Californie, la Nouvelle-Calédonie et le Chili. Cependant, cette formation au centre de plusieurs enjeux (agricole, forestier, touristique) disparaît rapidement et est devenue rare en Europe[10].

  1. On distingue des landes à ajoncs et genêts (Fabacées arbustives) surtout présentes sur sols sédimentaires (sables calcaires) neutres ou basiques et des landes à bruyères sur des terrains acides, cristallins.
  2. Lionel Visset, « Recherches palynologlques sur la végétation pléistocène et holocène de quelques sites du district phytogéographique de Basse-Loire », Suppl. Hors série Bull Soc. Sc. Nat Ouest France, 1979, 282 p. ; Dominique Marguerie, « Confrontation des données polliniques et anthracologiques : défrichement du milieu forestier et développement de la lande régressive à partir du Néolithique en Armorique », Revue d'Archéométri, 15, 1991, p.75-82
  3. L'anthracologie (analyses de graines carbonisées) et la palynologie (pollens et spores qui se conservent fort bien dans les tourbières ou dans les sépultures néolithiques sous tumulus) mettent en évidence des paysages de type lande avec à la fois des plantes témoignant d'une économie de production agricole avec régression du couvert forestier (développent de plantes allochtones comme des légumineuses ou des céréales importées, échangées entre communautés de fermiers néolithiques), et de plantes indicatrices de l'activité humaine (plantes rudérales et de jachères). Cf Dominique Marguerie, Évolution de la végétation sous l'impact humain en Armorique du Néolithique aux périodes historiques, Association des travaux du laboratoire d'anthropologie, 1992, 313 p.
  4. Leur entretien durant l'âge du Fer est sans doute lié à la nécessité d'une consommation accrue de matière première ligneuse (constructions, chauffage pour les fours de potiers, de métallurgie…), associée à une ouverture du milieu forestier pour créer des surfaces agricoles (pâtures et cultures).
  5. Nigel R. Webb, Etude sur les biotopes et les habitats perdant leur valeur pour la protection de la nature par suite de la succession écologique, Council of Europe, , p. 18
  6. van Wingerden, W. K. R. E., van Dam, R. I., van der Sluis, T., Schmitz, P., Kuipers, H., & Kuindersma, W. (2005). Natura2000 grensgebieden; ecologische kansen en grensoverschrijdende samenwerking in Natura2000 grensgebieden (No. 1061). Alterra.
  7. Le terme de « lande » est utilisé ici dans son sens le plus strict, c'est-à-dire comme un type de formation végétale précis. Souvent, il désigne dans un sens plus large l'ensemble des zones incultes ou en friche et correspond alors à des types de végétation beaucoup plus variés.
  8. Abderrazak Marouf, Joël Reynaud, La botanique de A à Z, Dunod, (lire en ligne), p. 165.
  9. (en) Ingmar Gorissen , « The ‘European’ dwarf shrub heath in a global context », in G. De Blust (dir.), Heathlands in a changing society. Abstracts and excursion guide: 9th European Heathland Workshop, Institute of Nature Conservation, 2005, p. 22.
  10. (en) « Heath and Moorland », FSC.

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