Miellat

Dans l'association symbiotique appelée trophobiose, la fourmi se nourrit du miellat sécrété par les pucerons auxquels, en retour, elle prodigue soin et assistance[1].

Le miellat (dérivé de miel[2], avec le suffixe -at) est un liquide épais et visqueux excrété par des insectes piqueurs suceurs (pucerons, cochenilles, Membracidae, etc.) qui se nourrissent directement de sève élaborée circulant dans le phloème et rejettent par leur tube anal ce liquide qui, sous forme de gouttelettes, se dépose sur les feuilles, tombe dans le milieu environnant ou est collecté par d'autres insectes. Ce liquide, issu des produits de la digestion qui ne sont ni assimilés ni transformés (90 à 95 % de sucres et un peu d'acides aminés), joue un rôle important dans certaines interactions durables, notamment dites tri-trophiques entre fourmis, pucerons et plantes[3].

Cette substance très riche en sucres rend les feuilles de la plante-hôte poisseuses. Elle favorise le développement de champignons ascomycètes qui recouvrent les parties aériennes de la plante d'une pellicule noire semblable à de la suie, la fumagine[4].

Le miellat est responsable de salissures occasionnées aux voitures, monuments, trottoirs, terrasses et mobilier urbain se trouvant en dessous d'arbres infestés de pucerons. Le lâcher d'auxiliaires de lutte biologique (notamment de coccinelles) permet de réduire cette nuisance[5].

On peut lécher cette pellicule sucrée sur les feuilles ou les mettre à tremper dans très peu d'eau pour dissoudre le sucre (qui pourrait être ensuite concentré par ébullition ou qui peut fermenter et donner une boisson légèrement alcoolisée, la frênette). Cette couche de « miellat » peut être assez épaisse pour s'utiliser directement comme édulcorant dont le goût rappelle un peu le sirop d'orge malté[6].

  1. Dans l'histoire évolutive de cette association, la trophobiose facultative a sans doute été marquée par l'offrande de gouttes de miellat par le puceron. « Le mutualisme serait apparu secondairement, quand les fourmis ont commencé à s'alimenter avec le miellat dispersé sur les feuilles. En s'approchant des pucerons, ceux qui avaient des mouvements lents, ressemblant à celui du couvain des fourmis, auraient été sélectionnés pour devenir des trophobiontes alors que ceux qui présentaient des mouvements rapides auraient plutôt été considérés comme des proies. » D'après Luc Passera, Serge Aron, Les fourmis : comportement, organisation sociale et évolution, NRC Research Press, , p. 318.
  2. Le miel est issu du nectar sucré, sécrété par les plantes, et du miellat, excrété par les pucerons qui pompent la sève des plantes.
  3. Leroy, P., Capella, Q., & Haubruge, É. (2009). L’impact du miellat de puceron au niveau des relations tritrophiques entre les plantes-hôtes, les insectes ravageurs et leurs ennemis naturels. Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement= Biotechnology, Agronomy, Society and Environment [= BASE], 13(2).
  4. Bruno Didier, Hervé Guyot, Des plantes et leurs insectes, Editions Quae, , p. 65.
  5. David V. Alford, Ravageurs des végétaux d'ornement: arbres, arbustes, fleurs, Editions Quae, , p. 74.
  6. François Couplan, Le guide de la survie douce en pleine nature, Larousse, , p. 121.

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