Motte castrale

Le château à motte de Saint-Sylvain-d'Anjou, reconstitution d'une motte du XIe siècle.
Le château de Gisors, un exemple de l'évolution de la motte castrale vers le château fort reprenant dans la pierre les trois éléments constitutifs des châteaux de l'an mil, la motte, la palissade, le donjon[1].

Une motte castrale, souvent appelée « motte féodale » ou parfois « poype » dans certaines régions[Note 1], est un type particulier de fortification de terre[Note 2] qui a connu une large diffusion en Europe au haut Moyen Âge[4]. Elle est composée d'un remblai de terre rapportée volumineux et circulaire, le tertre. Il existe plusieurs formes d'édification de ces ouvrages dans toutes les régions d'Europe. La motte castrale est remplacée par le château fort en pierre avant la fin du Moyen Âge, au moment de la renaissance du XIIe siècle qui voit le triomphe de l'architecture philippienne.

Dans la plupart des cas, le tertre était entouré d'un fossé[5], le sommet étant occupé par une forte palissade. Un fortin de bois y était aménagé avec une tour de guet analogue à un donjon. La motte peut être considérée comme un château fort primitif.

En Europe occidentale, au Xe siècle, l'armée carolingienne se montre trop lourde pour réagir aux rapides raids vikings et sarrasins. La défense s'organise donc localement autour des mottes, rapides à construire, et qui utilisent des matériaux peu coûteux et disponibles partout. Progressivement se distingue ainsi une élite guerrière dont la motte castrale matérialise l'autorité. Le seigneur assure la protection d'un lieu commercial ou économique (souvent un village) et la motte devient un élément dominant de l'organisation spatiale de l'an mille. Elle peut servir également de résidence seigneuriale. L'émergence du pouvoir banal sur l'ensemble du territoire au début du XIe siècle est un élément supplémentaire favorisant la généralisation des mottes, qui se développent surtout à partir du XIIe siècle selon Jean-Marie Pesez[6].

Le conflit d'intérêts entre les propriétaires fonciers (l'aristocratie et le clergé) et les châtelains entraîne l'émergence du mouvement de la paix de Dieu qui aboutit à redéfinir la répartition des rôles dans la société médiévale[7]. La motte castrale est donc un élément majeur de la structuration de la féodalité dans l'Occident médiéval.

  1. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 99.
  2. Thérèse Leguay, Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Paris, éditions Jean-Paul Gisserot, , 128 p. (ISBN 978-2-87747-804-5, lire en ligne), p. 23.
  3. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France : étymologie de 35 000 noms de lieux, vol. 2 : Formations non-romanes ; formations dialectales, Genève, Librairie Droz, coll. « Publications romanes et françaises » (no 194), , 676 p. (ISBN 978-2-600-00133-5, lire en ligne), n° 22268..
  4. André Bazzana, Guillemine David, Agnès Gonnet, Jean-Michel Poisson, Mottes castrales de Dombes (Ain) - Éléments pour un atlas, Lyon, Direction des Antiquités Historiques Rhône-Alpes, 1986, p. 7.
  5. Ce qui distingue lors des fouilles archéologiques la motte castrale du tumulus préhistorique, sans fossé.
  6. Joëlle Burnouf, Danielle Arribet-Deroin, Bruno Desachy, Florence Journot, Anne Nissen-Jaubert, Manuel d'archéologie médiévale et moderne, Armand Colin, , 384 p..
  7. Pouvoir aristocratique et Église aux Xe et XIe siècles. Retour sur la « révolution féodale » dans l’œuvre de Georges Duby.


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