En tant que réalité familière, le mouvement constitue pour l'homme l'expérience la plus fondamentale et la plus quotidienne de son rapport au monde telle celle de la pesanteur : les corps pesants tombent comme une pierre, tandis que les corps légers s’élèvent comme le feu. Aristote qui s'est intéressé à la chute des corps, nous dit Pierre Aubenque[1] fait du mouvement, δύναμις, le principe de distinction des êtres naturels opposés aux êtres divins. Le philosophe utilise indistinctement les termes de kinésis κινήσεις, génésis Υένεσις, métabolé μεταϐολή, pour « signifier dans son ensemble le phénomène qui affecte dans l'ordre naturel (le monde sublunaire) les êtres autres que le divin ».
Ce n'est pourtant pas à partir de cette expérience concrète qu'Aristote, métaphysicien, tente de définir le mouvement dans sa Physique mais bien à partir de son souci de distinguer les différentes significations de l'être à la recherche de leur problématique unité souligne Pierre Aubenque[2]. « Le mouvement va constituer l'être de l'étant en tant que tel du monde sublunaire ». « L'être naturel dans son ensemble est un être en mouvement [] affecté en son principe d'une instabilité fondamentale ».Pierre Aubenque[3] remarque que tout le livre I de la Physique est consacré à une réfutation des Éléates qui en prônant la thèse de l'unité de l'Être sont amenés à nier le mouvement.
Le mouvement tient une place essentielle dans l'ontologie d'Aristote car c'est à travers lui qu'il est poussé à reconnaître « la diversité des acceptions de l'être » selon le titre de l'ouvrage que lui consacre le philosophe Franz Brentano[4].
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