Nilakantha Dharani

La Nīlakaṇṭha Dhāraṇī gravée sur une stèle. Pagode Fo Ding Shan Chao Sheng, canton de Sanyi, Taïwan. Érigée en juin 2005.

Nīlakaṇṭha Dhāraṇī (sanskrit IAST), Dharani de (celui qui a) la Gorge bleue, également connue sous les appellations Mahākaruṇā (-citta) Dhāraṇī ou Mahākaruṇika Dhāraṇī (Dharani -ou Mantra- de la Grande compassion), (chinois: 大悲咒 Dàbēi zhòu; japonais: hiragana ニーラカンタ・ダーラニー , kanji 大悲心陀羅尼 ; vietnamien: Chú Ðại Bi; coréen hangeul: 니라칸타 • 다라니, Hanja: 神妙章句大陀羅尼) est un texte du bouddhisme mahāyāna dédié au bodhisattva Avalokiteśvara.

Une dharani est un hymne sacré, une incantation ou une formule mystique. C'est une sorte de mantra.

Depuis le VIIe siècle, la Nīlakaṇṭha Dhāraṇī est un des hymnes les plus populaires du bouddhisme mahāyāna. À l’origine, elle consistait en la récitation des différents noms et attributs d'une des épithètes de Shiva, Nīlakaṇṭha Lokeśvara (Le Maître du Monde à la Gorge bleue), et de ceux de Harihara. Elle était prononcée par Avalokiteśvara, qui intervenait également, toujours en qualité de « récitant », dans plusieurs autres dharanis destinées à des divinités hindoues.

Au fil des siècles, le bodhisattva a été assimilé à ces divinités, entraînant ainsi leur incorporation au panthéon bouddhique. Ainsi, Avalokiteśvara-Nīlakaṇṭha est passé du statut de « récitant » à celui de « destinataire » de la dharani.

Sa forme aux « mille bras » ou « mille mains », dont le symbolisme est issu de l'hindouisme, est particulièrement vénérée.

Entre les VIe et XVIIIe siècles, neuf moines indiens et trois tibétains ont réalisé treize traductions de la dharani (certains en ont effectué plusieurs), à partir du sanskrit vers le chinois ou le tibétain. Neuf sont dites « courtes», quatre sont dites « longues». Celle qui est devenue la version « standard » (une des courtes) a été traduite en anglais au XXe siècle par quatre auteurs, deux historiens : D.T Suzuki, Lokesh Chandra et deux maîtres zen : Kazuaki Tanahashi et Joan Halifax.

Le sutra qui contient la dharani a été intitulé Avalokitesvara aux mille mains et aux mille yeux (chinois : 千手千眼觀世音菩薩廣大圓滿無礙大悲心陀羅尼經 , pinyin : Qiān shǒu qiān yǎn guānshìyīn púsà guǎngdà yuánmǎn wú ài dàbēi xīn tuóluóní jīng) Taishō T20n1060_001, par Bhagavaddharma au milieu du VIIe siècle. Il a traduit les stances du sutra, mais pas la dharani, qu'il a translittérée. En effet, celle-ci est censée posséder un pouvoir magique quand elle est récitée en sanskrit. Pour cette raison, le nombre de syllabes et la prononciation dans les langues cibles, doivent refléter et reproduire autant que possible ceux de la langue source. Les autres traducteurs ont fait de même.

La version de Bhagavaddharma, une des « courtes », a été consacrée par la postérité, reprise et translittérée dans tous les pays où est vénéré Avalokitesvara aux mille mains et aux mille yeux. Elle est la version « standard » encore de nos jours, très populaire dans les pays où le courant mahāyāna s’est développé : Chine continentale, Corée du Sud , Hong Kong, Japon, Taïwan, Viêt Nam et aussi Singapour, mais beaucoup moins dans les pays pratiquant le bouddhisme tibétain. Sa popularité est comparable à celle du mantra de la compassion Om mani padme hum, également dédié à Avalokiteśvara.

Dans le cadre rituélique, elle est chantée ou récitée quotidiennement par les moines et les nonnes dans les monastères zen et par les pratiquants laïcs, dans les temples, les pagodes ou chez eux.

Elle est parfois confondue avec une autre dharani, dont le texte est très différent, également connue sous le titre de Mantra de la Grande compassion Tibétain ou Dharani Sutra du Cœur d’Avalokiteśvara aux onze visages, qui provient en fait de l’ekādaśamukham-sutra (Sutra des onze visages).

Le développement d’internet, ces dernières décennies, a permis la prolifération de milliers de sites qui proposent en ligne les deux dharanis récitées ou chantées, soit par des religieux ou des nonnes, soit par des artistes asiatiques célèbres dans les milieux bouddhistes. Certaines totalisent plusieurs millions (voire dizaines de millions) de vues.

Les quatre versions « longues » sont celles de Vajrabodhi et les trois tibétaines, auxquelles il faut ajouter celle retrouvée parmi les Manuscrits de Dunhuang par Sir Aurel Stein, que Louis de La Vallée-Poussin et Robert Gauthiot ont publiée en 1912.

Les traductions en anglais de D.T Suzuki, Lokesh Chandra, Kazuaki Tanahashi et Joan Halifax, comprennent des éléments de la version «courte» de Bhagavaddharma et de la «longue» de Vajrabodhi. Pour autant, aucun de ces qualificatifs ne peut leur être attribué, car n’étant pas des translittérations, les nombres de versets et surtout de syllabes, sont très variables. Ainsi sont-elles deux ou trois fois plus courtes que les versions sources.

Représentation de Shiva alors qu’il s’apprête à boire le poison halāhala, épisode à l’issue duquel il deviendra Nīlakaṇṭha (« la gorge bleue »). Sculpture en grès, VIe siècle, Musée archéologique de Sarnath, Uttar Pradesh, Inde[1].
  1. (en) Benoytosh Bhattacharyya, The Indian Buddhist Iconography,1958, p.262 et List of illustrations, n°116, p. XXIII, lire : [1]. Consulté le .

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