Propagande

Cette affiche de propagande américaine datant de la Seconde Guerre mondiale, et visant à susciter l'achat d'obligations pour financer l'effort de guerre, fait surgir des évocations très fortes : l'envahisseur japonais qui attaque la nation des États-Unis y est présenté comme un prédateur sexuel assaillant une demoiselle en détresse.

La propagande est un ensemble de techniques de persuasion mises en œuvre pour propager, par tous les moyens disponibles[1], une opinion ou une idéologie. Ces techniques sont exercées sur une population afin de l'influencer[2], voire de l'endoctriner[3]. Elle se caractérise par une manipulation mentale qui mélange sciemment l’information et l’opinion, afin d'éliminer le pluralisme des points de vue et d'empêcher l'exercice de l'esprit critique.

La propagande peut utiliser la publicité, car cette dernière vise à façonner des choix, des modèles de société, des opinions et des comportements[4],[5]. Nonobstant la similitude de certaines caractéristiques, les liens entre propagande et publicité sont largement discutés[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14].

La propagande est étudiée en milieu universitaire à partir du début du XXe siècle[15], principalement en histoire mais aussi en psychologie (particulièrement en psychologie sociale[16]) et en communication (notamment concernant les médias de masse).

  1. « Action psychologique qui met en œuvre tous les moyens d'information pour propager une doctrine, créer un mouvement d'opinion et susciter une décision. » Informations lexicographiques et étymologiques de « propagande » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. « De forme neutre, la propagande est définie comme une forme intentionnelle et systématique de persuasion, ayant le but d'influencer les émotions, les attitudes, les opinions et les actions des groupes cibles pour attendre des objectifs idéologiques, politiques ou commerciaux, à travers la transmission contrôlée des messages d'information partiale (qui peut être ou ne pas être factuelle) via les canaux directs de masse et des médias. » Richard Alan Nelson, A Chronology and Glossary of Propaganda in the United States, Greenwood Press, 1996.
  3. Hannah Arendt, mentionnée dans : Clit Radu, « La propagande totalitaire et la force dans le « phénomène Piteşti » », Topique, 2010/2 (n° 111), p. 83-102. DOI : 10.3917/top.111.0083. URL : https://www.cairn.info/revue-topique-2010-2-page-83.htm
  4. La publicité « partage les moyens » de la propagande explique Michel-Louis Rouquette in Propagande et citoyenneté, PUF, coll. « psychologie sociale », 2004, p. 69.
  5. Le TLFi indique à l'entrée « propagande » : « Il serait abusif de confondre propagande et publicité ». A contrario Jean-Paul Gourévitch soutient : « Ces frontières naturelles que l'étymologie a fixées entre propagande et publicité peuvent-elles aujourd'hui servir de ligne de démarcation entre ces deux domaines ? La réponse est non. » in La propagande dans tous ses états, Flammarion, 1981, p. 8.
  6. « La propagande sociologique regroupe en elle des formes très diverses : on peut dire qu'à ce niveau la publicité en tant que diffusion d'un certain style de vie fait partie de cette propagande » écrit Jacques Ellul in Propagandes, op. cit., p. 77.
  7. « In our society, advertising is institutionnal propaganda at its most obvious level » écrivent notamment Garth S. Jowett, Victoria O'Donnell, Propaganda and Persuasion, 2006, p. 147.
  8. « Propaganda and advertising are so inextricably connected that distinctions are arbitrary » écrit notamment Jesse E. Thornton in Science and social change, 1972, p. 570.
  9. « Propaganda is twin brother to advertising » in Arland D. Weeks, The Control Of The Social Mind - Psychology Of Economic And Political Relations, 2007, p. 72.
  10. (en) Persia Crawford Campbell, The Consumer Interest: A Study in Consumer Economics, 1949, p. 216.
  11. (en) Anne-Marie Brady, Marketing Dictatorship: Propaganda and Thought Work in Contemporary China, 2007, p. 12.
  12. (en) Jonathan W. Rose, Making "pictures in Our Heads": Government Advertising in Canada, 2000, p. 62.
  13. « Certainly, we must see how the individual is manipulated by propaganda and advertising » notent Alain Touraine et Gregory Elliott in A New Paradigm for Understanding Today's World, 2007, p. 70.
  14. Voir aussi sur ces questions (en) Henri Lefebvre et Sacha Rabinovitch, Everyday life in the modern world: Second Revised Edition, 2000.
  15. « la création du consentement n'est pas un art nouveau. Il est très ancien et était supposé disparaître avec l'apparition de la démocratie. Mais ce n'est pas le cas. La technique de cet art a, en fait, été énormément améliorée, parce qu'elle est à présent basée sur l'analyse plutôt que sur des règles approximatives. Ainsi, grâce aux résultats de la recherche en psychologie, associés aux moyens de communication modernes, la pratique de la démocratie a effectué un tournant. Une révolution est en train de prendre place, infiniment plus significative que tout déplacement du pouvoir économique. » Public Opinion (1922), Walter Lippmann, éd. Free Press, 1965 (ISBN 978-9562916134), partie V, chap. XV, 4, p. 158
  16. Des auteurs comme Pratkanis (en) et Aronson, avec leur ouvrage Age of propaganda de 1992, synthétisent des dizaines d’années de recherches expérimentales sur les influences et la persuasion.

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