Saint-Empire romain germanique

Saint-Empire romain
(la) Sacrum Romanum Imperium
(de) Heiliges Römisches Reich
(it) Sacro Romano Impero
(cs) Svatá říše římská

 – 
(844 ans, 6 mois et 4 jours)

Drapeau
(XIIe siècle–XIVe siècle)

(XIVe siècle–1806)
Bannière impériale
Blason
Armes du Saint-Empire
Hymne

Aucun (avant 1797)

Gott erhalte Franz den Kaiser (« Que Dieu protège l'empereur François ») ()
Description de cette image, également commentée ci-après
Évolution du territoire du Saint-Empire de 962 à 1806, superposé avec les frontières actuelles des États d'Europe (au ).
Informations générales
Statut Monarchie élective
Confédération
Capitale Aucune de jure
Aix-la-Chapelle[1],[2],[3],[N 1]()
Palerme (Hohenstaufen), Prague[4],[5] ( ; )
Vienne[N 2],[6] ()
Ratisbonne[N 3],[7],[8]()
Wetzlar[N 4] ()
Langue(s)

Véhiculaires : allemand, latin, italien et tchèque[9]

Vernaculaires :
- Langues germaniques : allemand, luxembourgeois et autres dialectes haut-allemands, néerlandais et autres dialectes bas-allemands, langues frisonnes
- Langues romanes : italien et autres langues italo-romanes (parlers toscans, dialectes italiens médians), sarde, parlers gallo-italiques, vénitien, langues rhéto-romanes, arpitan, occitan, français et autres langues d'oïl (franc-comtois, lorrain, wallon, picard)
- Langues slaves : tchèque, polonais et autres langues léchitiques, sorabe, slovène
Religion Catholicisme
Protestantisme luthérien (paix d'Augsbourg)
Protestantisme calviniste (traités de Westphalie)
Monnaie Thaler
Gros de Prague
États impériaux 533

Démographie
Population  
• 962 ~ 4 700 000 hab.
• 1700 ~ 20 000 000 hab.[10]
• 1800 ~ 29 000 000 hab.[10]
Densité (962) ~ 10 hab./km2
Gentilé Impérial(e)

Superficie
Superficie  
• 962 ~ 470 000 km2
• 1034 ~ 950 000 km2
• 1648 ~ 570 000 km2
• 1806 ~ 540 000 km2
Histoire et événements
476 Date traditionnelle de la fin de l'Empire romain d'Occident.
Fin définitive de l'Empire carolingien après l'assassinat de son dernier empereur, Bérenger Ier.
Renovatio imperii : couronnement impérial d'Otton Ier.
1075-1122 Querelle des Investitures.
1250-1273 Grand Interrègne : le trône impérial reste vacant.
Le pacte fédéral fonde la Confédération des III cantons, donnant naissance à la Suisse.
Couronnement de Frédéric III, premier empereur issu de la maison de Habsbourg.
La paix d'Augsbourg autorise la religion luthérienne selon le principe « cujus regio, ejus religio ».
Les traités de Westphalie mettent fin à la guerre de Trente Ans, conflit opposant les Habsbourg aux États impériaux allemands protestants ayant impliqué de nombreux pays européens.
1740-1748 Guerre de Succession d'Autriche.
Recès d'Empire.
Création de la confédération du Rhin, destinée à remplacer le Saint-Empire, à l'initiative de Napoléon Ier.
François II abdique et dissout le Saint-Empire romain germanique.
Empereur des Romains
(1er) Otton Ier
(34e) François II

Entités précédentes :

Le Saint-Empire romain germanique, selon la terminologie francophone usuelle[14], est un État d'Europe ayant existé de 962 (couronnement d'Otton Ier) à 1806 (abdication de François II). Cet État, issu de la décomposition de l'Empire carolingien, a joué un rôle important dans l'histoire de l'Europe au Moyen Âge, notamment du fait du conflit entre les empereurs et les papes, et pendant les Temps modernes. Sa disparition aboutit à l'établissement de l'empire d'Autriche (empire d'Autriche-Hongrie à partir de 1867) et de la confédération du Rhin, à laquelle succédera la Confédération germanique (1815) puis l'Empire allemand (1871).

La dénomination française mentionnée démarque celle qui a été officiellement utilisée dans l'Empire du XVIe siècle au XVIIIe siècle, en latin : Sacrum Romanum Imperium Nationis Teutonicae (« Saint Empire romain de la nation teutonique »)[15], en allemand : Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation[16] (« Saint-Empire romain de la nation allemande »).

La référence à l'Allemagne est absente dans d'autres pays : il est couramment appelé Holy Roman Empire en anglais, Heiliges Römisches Reich en allemand, Sacro Romano Impero en italien, Heilige Roomse Rijk en néerlandais[17]. En France, la dénomination de Saint-Empire romain (SER) était en usage autrefois[18].

La qualification de « Saint », attestée en 1157[19],[20], a été rajoutée sous le règne de Frédéric Barberousse pour exprimer que les empereurs règnent par droit divin. Le nom de « Romain » apparaît vers 1184[19] et est utilisé de façon constante à partir de 1254. Les empereurs étaient titrés « Empereur des Romains », ce qui exprime la prétention de succéder, à travers l'Empire carolingien (établi en 800), à l'Empire romain d'Occident disparu en 476.

Une dénomination plus récente, celle de « Premier Reich » (Erstes Reich) ou de « Vieil Empire » (Altes Reich), est parfois utilisée pour le différencier du deuxième Empire allemand, fondé en 1871 (Deutsches Reich).

Sur le plan historique, le Saint-Empire est constitué au Xe siècle par la dynastie des Ottoniens en regroupant deux des divisions de l'Empire carolingien définies par le traité de Verdun de 843 : la Francie orientale germanophone et la Francie médiane, qui devient ensuite la Lotharingie, à la fois germanophone, italophone et francophone. L'empire d'Otton Ier s'étend donc de la mer du Nord aux États pontificaux, à l'est des quatre fleuves délimitant la Francie occidentale : l'Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône.

Le contrôle des empereurs sur l'Italie disparaît dès le Moyen Âge, ce qui suscite le conflit entre les Guelfes (favorables à la papauté) et les Gibelins (favorables à l'empereur) au sein des républiques urbaines italiennes. De leur côté, les rois de France s'emparent progressivement des territoires impériaux limitrophes de leur royaume, à la fin du Moyen Âge (Dauphiné, Provence) et à l'époque moderne (Franche-Comté, Alsace, Lorraine, notamment). Le Saint-Empire se rétracte donc peu à peu sur les territoires de langue allemande, perdant le contrôle des Pays-Bas à la suite de la création des Provinces-Unies en 1581.

Né à la même époque que le royaume de France capétien (987), l'Empire connaît une évolution très différente en ce qui concerne le pouvoir du souverain : les rois de France parviennent, au bout de plusieurs siècles, à créer un État centralisé en luttant sans cesse contre les droits et pouvoirs des princes féodaux ; dans l'Empire, la centralisation se développe non pas au profit de l'empereur, mais au profit de certains des princes, notamment les margraves de Brandebourg à l'origine de la maison de Prusse, les ducs de Saxe, les ducs de Bavière, sans que soit mis fin à un émiettement considérable : plusieurs centaines d'entités restent souveraines au XVIe siècle, dont certaines minuscules (par exemple la principauté d'Orange).

À l'époque moderne, l'Empire est le lieu de conflits successifs d'abord liés aux problèmes religieux : la guerre entre princes catholiques conduits par l'empereur Charles Quint et princes protestants, qui aboutit à la paix d'Augsbourg en 1555 ; puis la guerre de Trente Ans (1618-1648), dont la fin marque l'avènement d'un nouvel ordre européen, celui des traités de Westphalie. Au XVIIIe siècle, les progrès de la maison de Prusse (dynastie des Hohenzollern) suscitent un long conflit avec la maison de Habsbourg, qui occupe le trône impérial de façon quasi ininterrompue : ce conflit culmine dans deux guerres, la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) et la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui toutes deux impliquent des puissances étrangères alliées à l'un ou l'autre camp.

Les victoires de Napoléon en 1805 et la création de la confédération du Rhin en 1806 démontrent l'impuissance de l'institution impériale, qui disparaît le lorsque François II dépose la couronne impériale, pour devenir empereur d'Autriche, maître de plusieurs principautés (archiduchés autrichiens) et de plusieurs royaumes (Bohême, Hongrie, Croatie).

Le , date de l'abandon par François II de sa qualité d'empereur des Romains, marque la fin du Saint-Empire, mais, comme l'écrit Ferdinand Lot, peut aussi être considéré comme l'« acte de décès légal » de l'Empire romain[21].

  1. Józef Bem, Exposé général de la Méthode mnémonique polonaise perfectionnée à Paris, suivi d'une application spéciale à l'histoire, d'après le Programme et les Ouvrages prescrits par le Conseil royal de l'université de France : Pour l'enseignement de l'Histoire dans les Collèges royaux et dans les autres Établissements d'instruction publique, Brockhaus et Avenarius, 1839.
  2. Alexandre Dumas, La terreur prussienne, Arvensa Editions, 2015.
  3. Michel Fauquier, Aux sources de l'Europe : Les premiers temps, Artège Editions, 2008.
  4. Historia, Historia, numéros 284 à 289, Librairie Jules Tallandier, 1970.
  5. Mikulas Teich, Bohemia in History, Cambridge University Press, 1998.
  6. J. Muldoon, Empire and Order: The Concept of Empire, 800–1800, Springer, 19/08/1999.
  7. La Revue politique et littéraire, La Revue politique et littéraire, 1874.
  8. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Bavière 2015 Petit Futé, Petit Futé, 2015.
  9. Václav Žůrek, « Les langues du roi. Le rôle de la langue dans la communication de propagande dynastique à l’époque de Charles IV », Revue de l'Institut français d'histoire en Allemagne,‎ (DOI https://doi.org/10.4000/ifha.8045, lire en ligne).
  10. a et b Wilson 2016, p. 496.
  11. Marco Jorio, Dictionnaire historique de la Suisse (trad. Pierre-G. Martin), « Saint Empire romain germanique », sur hls-dhs-dss.ch, (consulté le ).
  12. a b c d e et f Matthias Schnettger, « Le Saint-Empire et ses périphéries : l'exemple de l'Italie », Histoire, économie & société,‎ , p. 16 (lire en ligne).
  13. Walter Zurbuchen, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, « L'établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la république de Genève: une histoire anecdotique », Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, vol. Tome XVIII, 2e livraison,‎ (lire en ligne).
  14. Saint Empire romain germanique (sans trait d'union) dans les Petit Larousse 2012 et Petit Robert 2012.
  15. Par exemple : Alexandre Hesse, L'Administration provinciale et communale en France, 1785-1870, p. 680 : « L'Empire d'Allemagne, appelé également le saint Empire Romain de nation teutonique ».
  16. L'ajout des mots « nationis teutonicae » ou « Deutscher Nation » est officialisé par la Diète de Cologne de 1512, mais disparaît de l'usage officiel au XVIIIe siècle (H. Weisert, « Der Reichstitel bis 1806 », dans : Archiv fur Diplomatik, 1994, tome XL, p. 441–513.
  17. Joachim Ehlers, "Natio 1.5 Deutschland und Frankreich", dans : Lexikon des Mittelalters, Bd. 6, Sp. 1037 f.
  18. Concernant la nomenclature officielle « Saint-Empire romain » : Représentation impartiale de ce qui est juste à l'égard de l'élection d'un roi des Romains, selon les lois et les coutumes du Saint Empire Romain, La Haye, 1751, p. 46 : « Le Roi des Romains doit et veut ne se mêler du Gouvernement et de l'Administration du Saint Empire Romain, qu'autant que sa Majesté Impériale voudra le lui céder et permettre », etc. passim[1]. David Chytraeus, Histoire de la Confession d'Auxpourg, Anvers, chez Armand Coninx, 1632, p. 341 : « qu'on aduisat de faire vne paix publique et bien asseurée pour tout le Saint Empire Romain », et passim [2]. Code criminel de l'empereur Charles V, vulgairement appelé la Caroline, La Neuville, 1742, p. 12 : « Je jure de rendre justice et de prononcer un jugement en affaire criminelle… de suivre fidèlement l'Ordonnance Criminelle de l'Empereur Charles V, du Saint Empire »[3].
  19. a et b (de) Gerhard Krause, Gerhard Müller, Siegfried M. Schwertner, Theologische Realenzyklopädie. Band 28. Pürstinger-Religionsphilosophie, Walter de Gruyter, 1997, p. 447.
  20. « Mandatum ad Ottonem Frisingensem datum », dans Monumenta Germaniae Historia : Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, t. 1, Hannovre, , Friderici I. constitutiones, texte no 161, p. 224 (lire en ligne, consulté le 21 août 2015).
  21. Ferdinand Lot, La Fin du monde antique et le début du Moyen Âge, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », 1968, p. 278 : « Empereurs, historiens, juristes du Moyen Âge et des temps modernes ont cru sincèrement que l'Empire, quoique son chef fût de nation germanique, était réellement la continuation de l'Empire romain d'Occident. Si bien que, au point de vue du droit constitutionnel, si l'on veut dresser l'acte de décès légal de l'Empire romain, il faut descendre jusqu'au , jour où François II renonça à son titre d'empereur romain de nation germanique pour prendre celui d'empereur d'Autriche ».


Erreur de référence : Des balises <ref> existent pour un groupe nommé « N », mais aucune balise <references group="N"/> correspondante n’a été trouvée


© MMXXIII Rich X Search. We shall prevail. All rights reserved. Rich X Search