Saint-simonisme

Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon.

Le saint-simonisme est un courant idéologique reposant à l'origine sur la doctrine socio-économique et politique de Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon (1760-1825) dont il tire son nom.

Cette pensée, qui repose sur le concept d'une récompense universelle, par l'industrialisme[1] notamment (la confiance dans le progrès technique, la certitude que c’est dans une industrie morale que réside la condition du bonheur, de la liberté et de l’émancipation)[2], est publiée à travers des écrits assez épars et résumée selon Saint-Simon dans le Nouveau christianisme (ouvrage inachevé publié en 1825 à sa mort). Elle a été souvent reformulée par ses disciples après sa mort, pour exercer finalement une influence tout à fait déterminante en France au moment de la révolution industrielle, et du développement de la société industrielle dans ce pays[3]. Les disciples ou partisans de Saint-Simon sont qualifiés de « saint-simoniens ».

Si l'on en croit les présupposés établis par certains Saint-Simoniens, comme Auguste Comte, il s'agirait d'en finir avec les révolutions des XVIIIe et XIXe siècles et les guerres, et de passer de l'âge théologique et féodal à l'âge positif et industriel. Pour Saint-Simon, se référant à une nouvelle théologie, il est davantage question de repasser à une aristocratie de talents et non de naissance[4]. Il propose donc un changement de société et préconise une société fraternelle dont les membres les plus compétents (industriels, scientifiques, artistes, intellectuels, ingénieurs…) auraient pour tâche d'administrer la France le plus utilement possible, afin d'en faire un pays prospère, où régneraient la solidarité, l'esprit d'entreprise, l'intérêt général, la liberté et la paix.

Sous l'impulsion de l'un de ses principaux représentants, Barthélemy Prosper Enfantin, cette doctrine, au moment de sa première application (vers 1830), prend la forme d'une « Église »[5],[6]. Discréditée par cette première expérience mystique, la pensée saint-simonienne connaît un nouveau redéploiement, autour d'une formule devenue célèbre par laquelle les saint-simoniens entendaient substituer « l'exploitation du globe par l'association » à « l'exploitation de l'homme par l'homme »[7]. La période véritablement « créatrice » de religion saint-simonienne se limite à quelques années, de la fin de 1828 à la fin de 1832[8].

  1. Gilles Dostaler, « Saint-Simon, prophète de l’industrialisme », sur Alternatives économiques, (consulté le )
  2. François Jarrige, « L’invention de l’industrialisme »
  3. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, L'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 397-404.
  4. Saint-Simon pense pouvoir résumer l'Ancien Régime dans le passage de l'aristocratie de talents à l'aristocratie de naissance, qu'il situe au XIVe siècle, qui est à l'origine de l'injustice liée aux privilèges abolis par la Révolution française.
  5. Olivier Pétré-Grenouilleau Saint-Simon, L'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 401.
  6. LES POLYTECHNICIENS ET L'AVENTURE SAINT-SIMONIENNE
  7. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, L'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 402.
  8. Paul Bénichou, Le Temps des prophètes. Doctrines de l’âge romantique, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2004 [1977], p. 705

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