Le sang-dragon ou sang-de-dragon[1] est une substance résineuse rougeâtre produite par diverses espèces végétales, utilisée depuis l'Antiquité gréco-romaine comme matière médicale et comme substance colorante. Son usage se répand avec l'extension de la pharmacologie européenne, arabe et même chinoise, à une grande partie du monde, pendant presque deux millénaires.
Dans l'Antiquité, cette matière médicale est tirée d'arbres monocotylédones du genre Dracaena qui en réaction à une blessure produisent une résine phénolique capable d'endiguer la propagation des pathogènes[2]. Les pharmacologues de l'Antiquité comme Dioscoride, utilisaient les propriétés de ces résines, qu'ils nommaient « sang de dragon », comme antihémorragique et antibactérien, pour traiter les plaies. La connaissance des propriétés astringentes et antihémorragiques du sang-de-dragon se transmit tant bien que mal jusqu'à la Renaissance mais le remède était rare et cher.
À partir du XVe siècle, les grandes explorations maritimes européennes furent en grande partie guidées par le désir de trouver des épices et des remèdes meilleur marché. L'exploration de ces nouvelles terres fournit de nouvelles substances de couleur rouge sang et ayant des propriétés antihémorragiques qui furent qualifiées de sang-de-dragon.
La réappropriation des remèdes traditionnels américains et asiatiques par la pharmacopée dioscorido-galénique sera finalement freinée par les profondes mutations de la médecine aux XVIIIe – XIXe siècles. Les avancées de l'analyse chimique et de la physiologie vont peu à peu faire disparaître la prescription de plantes médicinales par la médecine scientifique moderne. Les pharmaciens qui procèdent à l'analyse chimique de la matière médicale, s'aperçoivent que les sang-dragon extrait des Pterocarpus sont riches en tanin, tout comme les kino, le cachou ou la racine de tormentille. Le développement de la chimie permettra alors de passer de la matière médicale au principe actif, du quinquina à la quinine, de la digitale à la digitaline, de l'opium à la morphine ou de l'écorce de saule à l'acide salicylique.
La longue histoire du sang-dragon est traversée par deux phénomènes majeurs de l'époque moderne : les grandes découvertes et le développement des sciences. L'exploration intensive de la Terre offre de nouvelles ressources aux anciens remèdes de l'Antiquité et permet de sauver momentanément certains d'entre-eux d'une disparition inéluctable et dans le même temps les progrès de la physiologie et de la chimie, chamboulent complètement la pharmacologie et la médecine galénique, rendant obsolètes les anciens traitements de la « médecine traditionnelle européenne ».
© MMXXIII Rich X Search. We shall prevail. All rights reserved. Rich X Search