Voie romaine

Carte des principales voies romaines sous Hadrien (vers 125). L'empire romain, assis sur trois continents (l'Europe, l'Afrique du Nord et l'Asie unifiées par la Pax Romana), est organisé en régions mises en relation par les routes maritimes, fluviales et terrestres convergeant vers la Mare nostrum, et qui rassemblent un quart de l'humanité. Les Romains ont construit près de 400 000 km de routes (dont 80 000 pavées) qui sillonnent l'empire jusqu'à ses limites extrêmes[1].
Chaussée Jules César. Les surfaces des voies étaient constituées de terre et de sable (via terrana), le plus souvent de graviers ou de graviers enrobés de béton (via glarea strata). On s'éloigne de l'image d'Épinal des voies pavées ou dallées (via lapide strata) onéreuses qui représentent sans doute moins d'1 % des voies en Gaule[2].
Les ornières laissées par les roues des attelages[3] dans une voie pavée de Pompéi, donnent une idée du trafic[4] (leur charge étant limitée par le Code théodosien)[5] et indiquent un gabarit des véhicules relativement[6] normalisé[7]. Des bornes (gomphi) le long des rebords des trottoirs (umbones) permettent de monter ou descendre du véhicule ou de la monture. Des passages piétons permettent de traverser la rue à pied sec. Des entailles en biseau sur les bordures droites aux intersections, signalent des virages trop serrés issus d'une circulation à droite quand le trafic se fait à double sens[8].
La voie Appienne, ombragée de pins et de cyprès, est constituée d'une chaussée revêtue de dalles de lave. Elle est bordée de tombes surmontées de stèles funéraires dont les épitaphes s'adressent aux voyageurs[9].
Contrairement à ce dessin véhiculant une idée reçue, les animaux de travail empruntent les cheminements herbus latéraux et non la voie centrale pavée car leurs sabots supportent très mal un blocage de pierres[10].

Les voies romaines sont les voies du réseau routier construit par les Romains ou reprises et réaménagées par eux sur le réseau existant. Lié à la politique d'expansion romaine et à la mise en ordre administrative et économique des territoires progressivement conquis, ce réseau est une des gloires de la civilisation romaine qui porte son attention à la logistique et innove dans le génie civil, lui permettant de parcourir plus rapidement qu'avant l'ensemble de l'Empire à partir de l'Urbs, Rome.

Elles reliaient entre elles les cités de tous les points de l'Italie puis de l'Empire avec les centres de décision politiques ou économiques. Elles permettaient des déplacements plutôt aisés pour l'époque, que ce soit pour l'usage des troupes en campagne, les fonctionnaires impériaux, les courriers, les commerçants et les marchands, les voyageurs et les pèlerins. Elles permirent l'expansion économique de l'Empire puis sa fin en facilitant les grandes invasions.

Par ailleurs, Voie romaine peut être une partie d'un odonyme, c'est-à-dire, un indicateur du type de voie suivi d'un nom propre.

Une voie romaine à Tall Aqibrin à côté d'Alep en Syrie.
  1. (en) Michael Grant, History of Rome, Charles Scribner, , p. 264.
  2. Jean-Daniel Demarez, « Les voies romaines en Gaule : mise au point sur quelques idées reçues », L'émoi de l'histoire, no 32,‎ , p. 14 (lire en ligne)
  3. Signes de passages répétés aux mêmes endroits des chariots, charrettes et chars, ces ornières témoignent de l'usure prononcée des dalles soumises à des pressions plus importantes qu'aujourd'hui (la surface de contact de la roue des véhicules romains étant réduite à 100 cm2), au point que toutes les voies pavées devaient être refaites au moins tous les vingt ans. Dans des passages escarpés et étroits (typiquement en montagne), les ornières sont des rainures taillées par l'homme dans le roc : elles servent de guide-roues qui sont complétés par des trous dans les rochers latéraux, utilisés probablement pour y engager des leviers. Cf Raymond Chevallier, Les voies romaines, Picard, , p. 114
  4. Chevallier décrit l'activité à l'époque : « une foule colorée, bruyante, grouillante : enfants avec leurs pédagogues, saltimbanques, notables en chaises ou litières entourés de clients, soldats, marins, acteurs, « touristes » de passage, esclaves venus de lointaines provinces, femmes en toilette allant au bain ou au spectacle, vendeurs d'eau, colporteurs, portefaix, cavaliers, accroissant la confusion, sans oublier les mendiants et les voleurs ». Cf Raymond Chevallier, Les voies romaines, Picard, , p. 124
  5. Cette limite à 1 500 livres romaines soit un peu moins de 500 kg (Codex Theodosianus, de curso publico, VII et VIII) devait être souvent contournée afin de réduire le coût du transport de charges pondéreuses (notamment pour les constructions, un bloc calcaire ne pouvant excéder un quart de mètre-cube pour ne pas dépasser cette limite). Cette contrainte explique que le transport fluvio-maritime était privilégié pour des charges lourdes. Cf Jacqueline Lorenz, Dominique Tardy, Gérard Coulon, La pierre dans la ville antique et médiévale : analyse, méthodes et apports, Musée d'Argentomagus, , p. 38
  6. Cette idée de standardisation des distances entre roues montre cependant des grandes variations selon les régions. Cf Jean-Pierre Adam, La construction romaine : matériaux et techniques, Picard, , p. 303.
  7. (en) Sumiyo Tsujimura, « Ruts in Pompeii: the traffic system in the Roman city », Opuscula Pompeiana, vol. 1,‎ , p. 58-90.
  8. (en) Eric Poehler, The Traffic Systems of Pompeii, Oxford University Press, , p. 151-155
  9. « Bonjour voyageur, arrête un peu le pas, je t’en prie, afin de connaître mon sort funeste », « Porte toi bien voyageur » « Que le mort revive par ta voix. Qui que tu sois, lis ces lignes ». Gérard Coulon, « La Vie de la route en Gaule romaine », Archéo 66, no 32,‎ , p. 146.
  10. Jean-Michel Desbordes, « Voies romaines en Limousin », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 1,‎ , p. 48 (lire en ligne).

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