Jacobinisme

Le jacobinisme est un concept qui renvoie à des principes politiques défendus pendant la Révolution française, tels la liberté et l'égalité, ou encore la souveraineté populaire, puis, plus tardivement, l'unité et l'indivisibilité de la République française. On ne peut en revanche en aucun cas parler d'une doctrine ou d'une idéologie jacobine, ni d'un système jacobin, tant les sociétés jacobines affiliées entre elles ne formaient pas un réseau homogène. Leurs membres sont appelés les jacobins. Le mot "jacobinisme" tient son nom du club des Jacobins, dont les membres s'étaient établis pendant la Révolution française dans l'ancien couvent des Jacobins à Paris.

Le jacobinisme n'est pas une idéologie, mais pourrait être défini comme une tendance (elle-même traversée par différents courants) développée et mise en application lors de la Révolution française de 1789. Le point de convergence de tous les courants du jacobinisme serait probablement une attitude ouvertement anti-absolutiste et une volonté de réaliser les principes portés par les patriotes. Si les termes de l'historien François Furet dans Penser la révolution française laissent supposer qu'il y aurait une doctrine jacobine clairement identifiable (« le jacobinisme est à la fois une idéologie et un pouvoir : un système de représentations et un système d’action »), la recherche historique universitaire a au contraire démontré qu'il n'en était rien. Ainsi, les historiens Michel Biard et Pascal Dupuy relèvent-ils : « Toutes ces sociétés ne forment pas un ensemble très cohérent, loin de se soumettre à une direction politique. L'on ne saurait valablement parler d'un "bloc jacobin" appuyé sur un réseau homogène de sociétés populaires »[1]. Ils relèvent néanmoins une « unification politique des comportements et des objectifs […] dans la République de septembre 1793 à juillet 1794 », soit sur une très courte période et pour répondre à la nécessité du temps.

L’historiographie révolutionnaire considère généralement que la sociabilité politique, portée notamment par les clubs jacobins, sociabilité qui voit l'entrée massive d'un nouvel acteur dans les affaires de la Cité, le peuple, est l’un des phénomènes majeurs de la Révolution[2].

Le mot jacobinisme désigne aujourd'hui, et par abus de langage, une doctrine qui tend à organiser le pouvoir de façon administrative (bureaucratie) et centralisée (centralisation) et à le faire exercer par une élite d'experts (technocratie) qui étendent leur compétence à tous les échelons géographiques et à tous les domaines de la vie sociale afin de les rendre uniformes, ce qui en fait l'adversaire du régionalisme et du fédéralisme[réf. souhaitée]. L'usage moderne du mot jacobinisme est cependant anachronique, sans rapport avec le sens du mot que l'on renvoie à la Révolution française et durant laquelle il n'est jamais utilisé. En effet, le réseau jacobin, pendant cette période, était une réaction aux enjeux particuliers de l'époque, sans rapport avec les enjeux contemporains de centralisation. Pour n'en retenir que la philosophie, on pourrait aussi entendre le jacobinisme aujourd'hui comme une doctrine opposée aux politiques communautaires, qui tendraient, par exemple, aux divisions internes.

Comme mouvement historique, le jacobinisme peut s'apparenter :

  1. Michel Biard et Pascal Dupuy, La Révolution française, Dynamique et ruptures, 1787-1804, Paris, Armand Colin, , 356 p. (ISBN 978-2-200-24883-3), ch. VII L’apprentissage de la politique, La politique au quotidien, « clubs et sociétés politiques », p. 148
  2. Guy Lafrance, « La figure du Législateur et l’idéal politique jacobin », Études françaises, volume 25, numéro 2-3, automne 1989, p. 89 (lire en ligne).

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